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Dieu est de retour

La nouvelle évangélisation, c’est maintenant !

La nouvelle évangélisation, c’est maintenant !

Dix ans que j’attendais ça. Dix ans qu’un évêque bien connu du Sud de la France, Mgr Dominique Rey, m’a parlé pour la première fois d’évangélisation et de nouvelle évangélisation, comme je l’ai raconté dans mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, sorti en 2009. (Cet évêque a été nommé par Benoît XVI pour participer au Synode pour la nouvelle évangélisation qui a lieu en ce moment à Rome).

Un synode sur le sujet ? Mais pourquoi faire ?

Cet évènement est la suite de la création par le pape du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, le 21 septembre 2010, afin de « promouvoir une évangélisation renouvelée dans les pays où la première annonce de la foi a déjà retenti et où sont présentes des Eglises d’antique fondation, mais qui vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte ‘d’éclipse du sens de Dieu’ » [1].

Loin d’être une simple parenthèse dans le pontificat de Benoît XVI, ce synode pour la nouvelle évangélisation s’inscrit au contraire dans la droite ligne de la priorité n°1 que le pape s’est fixée : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu »[2]. N’a-t-il pas également précisé que son pontificat est « un pèlerinage pour apporter Dieu au monde » [3] ?

En effet, depuis que Joseph Ratzinger est sur le trône de Pierre, il emploie le mot « nouvelle évangélisation » tous les 3 mois en moyenne. Il en a aussi parlé dans des textes de référence comme Verbum Domini, sur la Parole de Dieu, dans son livre Lumière du monde… Les prochaines JMJ au Brésil auront également lieu sur ce thème de la mission première de l’Eglise, l’évangélisation.

On voit donc bien qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille ou d’un concept surexploité. D’ailleurs, le pape le précise lui-même : « la nouvelle évangélisation est le premier engagement de tous les catholiques ». C’est donc pour tout le monde ! Même ceux qui n’y croyaient pas. Ou ceux qui voyaient la nouvelle évangélisation comme une simple mouvance au sein de l’Eglise ou un quasi-monopole des communautés nouvelles. Il s’agit bien d’un appel à tous les catholiques, à tous les diocèses, à toutes les communautés au sens large, à toutes les « forces ecclésiales » pour reprendre les mots de Jean-Paul II sur le sujet. N’oublions pas que c’est lui qui a lancé cette formule.

Aux sources de la nouvelle évangélisation

C’était le 9 juin 1979, en Pologne, devant les ouvriers de la ville nouvelle Nowa Huta, l’un des hauts lieux de résistance au communisme, sur une place où il n’était pas prévu par les autorités d’y construire une église. Jean-Paul II déclare alors : « En ces temps nouveaux, en cette nouvelle condition de vie, l’Évangile est de nouveau annoncé. Une nouvelle évangélisation est commencée, comme s’il s’agissait d’une nouvelle annonce, bien qu’en réalité ce soit toujours la même. La croix se tient debout sur le monde qui change ».

(C’était il y a 33 ans, j’étais encore dans le ventre de ma mère et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait !)

Trois ans plus tard, à Haïti, Jean-Paul II exhorte les croyants à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, nouvelle dans ses méthodes et dans son expression »[4]. Outre ce véritable appel lancé aux catholiques, c’est ici que Jean-Paul II donne sa définition de la nouvelle évangélisation, qu’il nous faudrait encore approfondir.

En 1988, dans son exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde, celui qui est devenu le bienheureux Karol Wojtyla rappelle à plusieurs reprises « l’urgence » d’une nouvelle évangélisation menée par les laïcs : « L’heure est venue d’entreprendre une nouvelle évangélisation, déclare-t-il ; le phénomène de la sécularisation frappe les peuples qui sont chrétiens de vieille date, et ce phénomène réclame, sans plus de retard, une nouvelle évangélisation » [5]

Il s’agit donc bien d’une urgence qui n’est pas totalement nouvelle mais qui reste toujours  cruciale aujourd’hui. Jean-Paul II ajoute : « L’Eglise, qui observe et vit l’urgence actuelle d’une nouvelle évangélisation, ne peut esquiver la mission permanente qui est celle de porter l’Evangile à tous ceux qui – et ils sont des millions et des millions d’hommes et de femmes – ne connaissent pas encore le Christ Rédempteur de l’homme. C’est là la tâche la plus spécifiquement missionnaire que Jésus a confiée et de nouveau confie chaque jour à son Eglise. » [6]

L’évangélisation renouvelée…

Comme je l’écrivais dans mon livre cité plus haut, évangéliser, c’est répondre à cet appel du Christ, lancé il y a 2000 ans, pour répandre l’amour de Dieu dans le monde [7]. Le message de l’Evangile doit donner au monde la révélation d’un chemin qui est aussi Vérité et Vie, or le monde évolue. Pour répondre aux nouveaux défis qu’apporte cette modernité, l’annonce du message – et non pas le message lui-même ! – doit s’adapter. A frais nouveaux, et sans attendre ! Et quoi qu’en disent ceux qui pensent que l’Eglise serait rétrograde, alors qu’elle est au contraire en avance sur la société. (Cf cet article de Stéphanie Lebars proposé en analyse de la série Ainsi soient-ils par la Une du journal Le Monde le 8 octobre dernier, au sujet du synode).

Que dire de plus ? Nous pourrions parler des différentes méthodes de cette évangélisation nouvelle (la nécessite d’une annonce explicite et sans équivoque du Christ [8]), des destinataires possibles (ceux qui ne connaissent pas leur sauveur, comme ceux qui ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds), de nos stratégies, des bons exemples, etc. Nous pourrions énumérer encore les freins à l’évangélisation (lire à ce sujet le chapitre que leur a consacré Mgr Rey ce mois-ci dans son nouveau livre Paroisses, réveillez-vous !).

…c’est maintenant !

Aujourd’hui, l’heure est venue pour nous tous de passer des paroles aux actes. Inspirés par l’Esprit Saint, il est urgent de lancer de nouvelles initiatives tout aussi audacieuses que pertinentes. Il est urgent d’entrer plus facilement encore en relation personnelle avec nos contemporains, au travail, vers nos voisins, dans les rues, sur les places, par Internet et même dans les transports comme le TGV par exemple ! Partout. Il est urgent de témoigner de notre rencontre personnelle avec le Christ, de proposer cette « metanoïa »[9] déterminante pour toute notre vie, sans l’imposer, mais sans s’en cacher non plus. Il est urgent de répondre enfin avec « douceur et respect » à l’attente de tous ceux qui espèrent que nous rendions compte de l’espérance qui est en nous. (Et ils sont bien plus nombreux que nous l’imaginons, d’ailleurs beaucoup ont déjà été touchés par des chrétiens !). Bref, n’attendons plus, la nouvelle évangélisation, c’est maintenant !

Ps : Peut-être Benoît XVI tira-t-il une exhortation de ce synode ? (Comme l’a fait Paul VI pour le synode sur l’évangélisation dans le monde moderne, poussé par Jean-Paul II… [10].)


[1] Benoît XVI, première audience aux membres du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, 30 mai 2011.

[2] Benoît XVI, discours prononcé lors de la bénédiction des flambeaux, sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima, au Portugal, le 12 mai 2010.

[3] Benoît XVI, message aux participants au deuxième congrès mondial pour la Pastorale des pèlerinages et des sanctuaires, 27 septembre 2010.

[4] Jean-Paul II, Port-au-Prince (Haïti), 9 mars 1983.

[5] Jean-Paul II,  Christifideles laici, § 4

[6] Ibid, § 35

[7] Cf par exemple la finale de l’Evangile de Matthieu (Mt 28, 19

[8] Cf paragraphe 22, Paul VI, Evangelii Nuntiandi, sur la nécessité d’une annonce explicite.

[9] Lire à ce sujet la conférence du cardinal Ratzinger sur la nouvelle évangélisation pour le jubilé des catéchistes, en l’an 2000.

[10] En 1974, le 4e Synode des évêques se réunit à Rome sur le thème de  l’évangélisation dans le monde moderne. L’histoire raconte qu’au cours d’une des sessions finales, le Rapporteur général, un certain Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et consulteur au Conseil des Laïcs, demande la parole. Dans une intervention qui s’avèrera prophétique, il demande que le pape Paul VI reprennent à son compte les recommandations élaborées. Celui-ci accepte et en fait l’exhortation apostolique post-synodale Evangelii Nuntiandi, texte de référence encore aujourd’hui sur l’évangélisation dans le monde moderne.

Ainsi soient-ils : faut-il réagir ?


Une des affiches diffusées un peu partout, dont le métro parisien.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette série qui sera diffusée dans 15 jours sur Arte. Quelques cathos influents nous disent qu’il ne faut surtout pas réagir. En tout cas, attendre de voir…

Un premier motif donné pour cela : « il y a d’autres combats plus importants à mener ». Certes, nous devons être en ce moment sur tous les fronts. Mais cela veut-il dire qu’il faut en abandonner certains ? Chacun a le droit de préférer une bataille à une autre, celle de l’euthanasie, par exemple, au mariage gay, ou encore répercuter les appels au secours des chrétiens persécutés du Moyen-Orient. Mais n’opposons pas les initiatives entre elles, il y a de la place pour tout le monde, pour toutes les bonnes volontés, selon leur charisme et leur appel.

Un deuxième impératif serait de « ne pas faire de publicité inutile à cette série ». Mais problème : les pubs sont déjà présentes dans le métro, sur Internet, grâce à une lourde campagne de communication payée par Arte, qui selon la presse spécialisée cherche avec cette nouvelle série à retrouver de l’audience. Comme si nous pouvions rivaliser avec une agence de com’ aux moyens très importants, précisément celle que François Hollande a choisi pour sa campagne présidentielle (BDDP et Fils).

Les cathos auraient-ils aussi, en juillet, fait trop de « pub » à Inquisitio ? Je ne le pense pas : il s’agissait plutôt d’une légère contre-publicité à cette série diffusée en prime time sur France 2. Le site de L’Inquisition pour les nuls a en effet reçu la visite de 20.000 visiteurs uniques en deux semaines, cathos compris, quand le premier épisode rassemblait à lui seul plus de 3 millions de téléspectateurs derrière leurs télévisions : nous ne jouons décidément pas dans la même cour, notre capacité de réponse est sans commune mesure avec la force des mass medias. Arte peut monter jusqu’à 1 million de téléspectateurs en prime time. Tout au plus, avec Internet, nous pouvons juste en « rattraper » quelques uns via une bonne stratégie de référencement, ce qui est déjà pas mal. 🙂

Voici, pour finir, le troisième motif donné : « ne pas créer de polémique, puisque c’est ce qu’ils recherchent ». Confère le mail envoyé à certains blogueurs catholiques pour les provoquer (et les inviter à une avant-première). Ou la fausse lettre de prêtre condamnant la série publiée – puis retirée – sur le blog d’Arte. Mais justement, ne pouvons-nous pas apporter des réponses sans pour autant polémiquer ? N’y a-t-il pas un espace entre la « réaction » revancharde et l’explication de texte ?

Et puis, à ceux qui veulent nous chercher des poux, suffira-t-il un jour de nous provoquer pour aussitôt nous réduire au silence et donc nous empêcher de témoigner ? Le Christ ne répondait-il pas souvent à ceux qui le mettaient à l’épreuve, non par l’esquive, ni par la pique, mais en faisant appel à leur intelligence ?

Cette série pose donc deux questions : 1. Faut-il réagir ? 2. Comment réagir ?

  1. Faut-il réagir ? Et si, au contraire, cette série était une nouvelle occasion de témoigner, de donner les raisons de notre espérance, avec douceur et respect, comme nous le demande le premier pape de l’Eglise ? (1). J’ai vu les 8 premiers épisodes, et sans vous en dire plus pour le moment, il me semble donc que c’est une magnifique opportunité pour répondre, oserais-je dire une « chance », mais bien sûr pas de n’importe quelle manière.
  1. Comment réagir ? Justement, de façon calme, posée, réfléchie, adaptée. Comme le disait un responsable de l’Opus Dei au moment du Da Vinci Code, il peut s’agir de « faire de la limonade avec du citron ». Car la limonade, tout le monde peut la boire, même si au départ nous partons d’un goût acide. Nous devons aussi absolument respecter la règle des trois « P » : être professionnel, poli, et positif. Facile ? Essayons, au moins, avec les petits moyens que nous avons.

Il est enfin temps de prendre conscience qu’en France, l’Eglise catholique entre dans une ère de communication de crise, et ce quasi-permanente. Qui pourra l’aider ?

Depuis Vatican II, nous, laïcs, loin de tout cléricalisme, et sans nous affoler, disposons d’une liberté d’action pour agir. (Ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, de se coordonner avec les instances officielles). Une réaction ne serait-elle justement pas d’abord le rôle des laïcs, et non de l’institution ? Ne devons-nous pas prendre nos responsabilités ? Et moi-même, dois-je agir ?

Un de mes amis me rappelait hier, toujours au sujet nouvelle série, la lecture de dimanche dernier (2), forte à propos et qui rejoint la recommandation de Saint Pierre citée plus haut :

« Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à notre conduite, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’abandonner nos traditions. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui. »

(1) 1 Pi 3,15
(2) Sg 2, 12, 17-20

Inquisitio : sexe, drogue et crime comme série de l’été sur France 2

A quelques heures de la diffusion sur France 2 du 1er épisode d’Inquisitio, saga familiale présentée comme une “série historique” sur l’Inquisition par les programmes télé, voici un premier petit billet pour se préparer psychologiquement. Accrochez vos ceintures de chasteté !

J’ai en effet eu l’extrême grande chance (euphémisme) de voir les quatre premiers épisodes, accompagné d’autres blogueurs/journalistes, histoire de trouver le temps moins long. En effet, Inquisitio mélange tous les ingrédients du pseudo-succès télévisuel (sexe, drogue, sang) au point de devenir un pot pourri qui ne la distingue pas des mauvais thrillers policiers américains : on s’ennuierait presque, et l’une d’entre nous est partie avant la fin pour cette raison ! Mais outre cet outrage à l’intelligence et au cinéma, il y a plus grave, pour une série diffusée à heure de grande affluence télévisuelle, le fameux « prime time » (20h40, deux millions de téléspectateurs au moins ?).

En effet, comment le commun des pauvres mortels (que nous sommes aussi) va-t-il percevoir cette série faussement « historique » ? De ce côté, Inquisitio est bien à en pleurer, comme l’a dit le porte parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Podvin : « je pleure et m’indigne de songer qu’à l’audimat, beaucoup risque de se croire instruits par cette manière tendancieuse d’honorer l’histoire humaine et religieuse ».

Il faut bien dire que les évêques et le pape y sont dépeints comme libidineux, entourés de prostituées à demi-nues… Sainte Catherine de Sienne elle-même est une vieille bigote capable de tout, jusqu’à faire mourir des prêtres dévorés par les rats et déclencher une épidémie de peste pour punir les Avignonnais ! Ambiance. Son repaire est d’ailleurs lugubre… C’est vrai que Sainte Catherine en bio-terroriste, sentant le guacamol et craignant le GIGN avec un suspens insoutenable, il fallait y penser. Et on lui fait dire tranquillement, sans un regret, regardant l’évêque du lieu mourir à son tour dévoré par les rats : « J’ai fait alliance avec le démon pour la Gloire de Dieu ! ».

De toute façon, entendons-nous, dans Inquisitio, les prélats sont tous à moitié pervers, sadiques ou drogués à la mandragore fourguée par une sorcière (« Madeleine ») qui vit au fond de la forêt avec un loup apprivoisé. Ainsi l’un de ces cardinaux dit au Grand Inquisiteur (on se croirait dans un Vaudeville) : « quel dommage que tu l’aies laissé défendre son père, maintenant ils vont se tenir chaud sur le bûcher ! » ou encore « le mensonge n’est pas un pêché quand il sert les intérêts de Dieu ». Vilain machiavélique !

Comme vous le voyez, une série à vous donner envie de devenir scénariste : avec tous ces poncifs et ces scènes de torture, vous y arriverez très bien, et peut-être mieux encore au rayon comédie ! D’ailleurs certaines scènes portent à sourire comme ce baptême par la force avec demi-noyade ou cet appel au “jugement de l’eau” avec cette fois, vraie noyade (pour changer un peu). D’autres sont plus malsaines : enfant qui donne sa vie à Dieu en se crevant un œil (le futur inquisiteur, on entend tout) ou cette jeune et belle religieuse sortie de son couvent à la demande de Catherine de Sienne pour appâter un évêque ! Ou encre ce pauvre paysan torturé par le supplice de l’eau parce qu’il va voulu sauver sa femme sur le point de mourir en couche (on n’a plus soif)…

Bref, rien de très très grave, juste de quoi empêcher de dormir tout un couvent de Dominicains… D’ailleurs Catherine de Sienne n’était-elle pas Dominicaine ? Arrêtez-moi si je me trompe (façon de parler)…

On ne compte pas les répliques du Grand Inquisiteur Barnal qui soient totalement ridicules. Ainsi dit-il à l’évêque qui souffre : « Vous souffrez ? — Atrocement ! — Est-ce que vous remerciez le Seigneur tous les jours ? » (Comme si notre Dieu aimait la souffrance !). Ou à son aide de camp, Silas – pour donner un petit air de Da Vinci Code – coupable à ses yeux d’avoir regardé une jeune juive : « Attention, je ne devrais plus te faire confiance si cette femelle virginale avait déposé son poison dans ton âme… ». (On se marre, c’est une réplique culte !). Ou encore : « Accroître le savoir des hommes, c’est réduire le territoire de Dieu » en essayant de nous faire croire que la dissection existait déjà… entre 10.000 autres anachronismes (pour lesquels il faudrait un site Internet entier si nous voulions tous les relever). Et puis, ce dialogue surréaliste avec le petit Silas, à qui il lui demande un discernement alors qu’il n’est qu’un simple novice : « comment faire pour choisir entre les désirs de son coeur, et ce que Dieu veut ? », comme si Dieu s’opposait à nos désirs les plus profonds ! (Silas lui répond : « alors il ne faut pas choisir », et c’est ce qu’il va faire !).

Dommage aussi que l’acteur choisi (Vladislav Galard) pour jouer le rôle du Grand Pervers Affectif ait un petit air de français moyen faisant ses courses à Monoprix, avec cet œil de pirate mal fixé et un peu de bedaine. Dommage surtout qu’il n’arrête pas de parler aux Juifs en les appelant ainsi : « Juif ! » (c’est agaçant et pénible), quand on sait qu’en Avignon, à cet époque, on parlait des “Juifs du pape“. Attachez-vous cependant : il devient soit disant « attachant » à la fin (façon de parler, nous ne sommes pas encore sur le bûcher), après avoir été cet infâme sadique tortionnaire à la poursuite des saints de l’époque – mais les vrais, eux, hein, pas de blague !

Dommage encore qu’Olivier Rabourdin qui jouait le rôle du moine anxieux (à juste titre) dans Des hommes et des Dieux, ait des paroles blasphématoires à l’égard de la Sainte Vierge. (Sans doute que si Nicolas Cuche, élevé chez les Frères Maristes, était resté catholique, nous aurions évité cela).

Ne soyons pas dupes : si Inquisitio manque de rythme (L’Express), cette série n’en demeure pas moins particulièrement outrageante à l’égard de l’Eglise catholique. Un seul crime de l’Inquisition n’est pas excusable – Jean-Paul II a justement fait repentance en son temps – mais cet épisode tragique ne doit pas être un prétexte pour taper sur l’Eglise de façon généralisée, avec l’aide d’acteurs déguisés en nazis ou presque. Comme l’a dit Charles Vaugirard au micro de Radio Jéricho, on se croirait en effet pendant la Seconde guerre mondiale. (Sauf qu’il ne faudrait quand même pas banaliser cette dernière et l’holocauste, surtout en singeant ceux qui sont souvent venus en aide aux Juifs, cf Pie12.com). Mais bon, on n’est plus à ça près, et les évêques complotent contre les Juifs (voir cet extrait vidéo) en disant qu’un bûcher réchaufferait les coeurs (sic) et qu’il faut leur faire porter le chapeau.

Mais bon, vous l’aurez compris, la fiction est ici un prétexte à Nicolas Cuche, qui, pour se protéger, se défend bien auprès de l’AFP d’avoir cherché avec Inquisitio la stricte vérité historique… au profit d’une vraie liberté romanesque (sic). Oh la jolie petite manipulation de derrière les fagots  ! On nous refait le coup, là encore, du Da Vinci Code. France 2, qui se vante pourtant d’être une chaîne de “service public”, se paye donc le luxe, avec nos impôts s’il vous plaît, de diffuser une campagne anti-catholique à 10 millions d’euros. Beaucoup d’argent – un film aurait coûté moins cher – et du sensationnel, de l’émotion (avec de vrais violons en fond sonore), du sexe, de la drogue et du sang. Super ! Ah, j’oubliais : la chaîne vient de retirer de la vente un petit jeu en ligne – produit dérivé Inquisitio oblige – qui permettait de condamner (virtuellement, cela s’entend) ses amis et de les voir brûler vif sur le bûcher de l’Inquisition. Trop, c’est trop. Suite aux foudres de certains téléspectateurs, la chaîne a immédiatement censuré le dispositif arguant qu’elle ne pouvait accepter un tel jeu sur le service public ! Ouf, on y a échappé. Mais pas au reste, hélas… Et pour le beau, le vrai, le bien, il faudra repasser. En attendant, voici le laid, le faux et le très très méchant pervers sadique.

Attention cependant, si le ridicule ne tue pas sur France 2, cela pourrait revenir !

Ps : Si l’histoire ne sert plus à rien, puisqu’on s’en contre-fiche, à quoi bon faire une série noire sur cette période de l’Inquisition ? (Drôle de période pour cela, alors que le soleil brille…) ? Est-ce du bourrage de crâne digne des heures les plus sombres de notre histoire ou l’envie de claquer du fric en s’amusant ? Heureusement, face à un tel gaspillage de pixels, les cathos se sont pas restés inactifs, comme le raconte Pèlerin ici, avec la vraie-fausse bande-annonce d’Inquisitio, la page Facebook de Saturnin Napator (une autre réplique culte) et L’Inquisition pour les nuls !

Nouvelle évangélisation : gare aux mauvaises interprétations

« Affrontons la nouvelle évangélisation avec enthousiasme. Apprenons la joie douce et réconfortante de l’évangélisation », exhorte le document de travail officiel – l’“Instrumentum laboris” – du prochain synode des évêques dont l’enjeu central est “le retour de la question de Dieu dans la société”. Pour l’archevêque croate Mgr Nicola Eterovic, secrétaire général du synode, cette nouvelle évangélisation est un remède à la « solitude » et au « découragement », un appel à la « joie » chrétienne. C’est ce qu’il a expliqué lors de la présentation du document de travail officiel, comme nous le rapporte Zenit :

Du 7 au 28 octobre 2012, la XIIIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques se tiendra au Vatican sur le thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Sous la conduite du Saint-Père Benoît XVI, Président du Synode des évêques, des représentants des évêques du monde entier, dans un climat de prière, de dialogue et de communion fraternelle, réfléchiront sur la transmission de la foi chrétienne. Il s’agit d’un des grands enjeux de l’Eglise qui sera approfondi dans le contexte de la nouvelle évangélisation. Par conséquent, les deux aspects du sujet du synode sont intimement unis et se complètent mutuellement. Le but de la nouvelle évangélisation est la transmission de la foi chrétienne. Le devoir qui nous presse de transmettre aux nouvelles générations l’Evangile de Jésus – sans interruption du processus de transmission de la foi – se déroule dans le contexte de la nouvelle évangélisation.

La réflexion synodale sera enrichie par le lien avec l’Année de la foi qui, selon la décision du Souverain Pontife, exprimée dans la Lettre apostolique sous la forme de motu proprio « Porta fidei », commencera le 11 octobre, au cours des Assises synodales, en commémoration du 50ème anniversaire du lancement du Concile œcuménique Vatican II et du 20ème anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Eglise catholique.

L’Instrumentum Laboris, ordre du jour des Assises synodales, représente une étape importante dans la préparation des travaux synodaux. C’est le résultat des réponses aux Lineamenta, document de réflexion sur le thème de l’Assemblée synodale qui, publié le 2 février 2011 en la fête de la Présentation du Seigneur, a été envoyé aux 13 synodes des évêques des Eglises orientales catholiques sui iuris, aux 114 conférences épiscopales, aux 26 dicastères de la Curie romaine et à l’Union des Supérieurs généraux. (…)

Nous voyons bien ici que ce synode s’inscrit dans la tradition de l’Eglise – au sens large – c’est-à-dire dans l’évolution de son Magistère et les différents évènements et discussions qui jalonnent son histoire, avec l’aide de ses pasteurs au premier rang desquels se trouve le pape.

Evoluant sous la conduite de l’Esprit Saint, cette tradition est vivante et ne peut s’arrêter à un moment donné. Le concile Vatican II – et sa « relecture », dans une herméneutique(1) de continuité avec la longue tradition de l’Eglise, n’est pas le seul « point d’ancrage » de cette nouvelle évangélisation, contrairement à ce qu’ont pu affirmer certains commentateurs (2). En effet, il ne s’agit pas de “sur interpréter” ou de “sous interpréter” Vatican II, mais de laisser l’Esprit Saint nous guider pour renouveler notre mission première, aujourd’hui, dans nos vies comme dans nos diverses missions, tout en prenant en compte les derniers ajustements qui donnent notamment une plus grande place aux laïcs dans la mission universelle de l’Eglise.

Ce nouveau synode se situe d’ailleurs dans le sillage de celui de 1974, comme a pu le rappeler Mgr Eterovic, soit bien après Vatican II, et l’exhortation apostolique qui en avait découlé est encore aujourd’hui loin d’être assimilée, notamment en ce qui concerne la question de la nécessité d’une annonce explicite (au paragraphe 22). A nous, également, de s’approprier ces textes pour féconder notre évangélisation.

Bref, si la nouvelle évangélisation peut être comprise comme « Vatican II en marche », le véritable point d’ancrage de la nouvelle évangélisation est en réalité l’Esprit Saint, 1er protagoniste de toute évangélisation, dixit Paul VI dans Evangelii nuntiandi. C’est en effet Lui qui a soufflé ce concept, cet appel pour une nouvelle évangélisation, à Jean-Paul II. Ce dernier l’a précisée comme étant « nouvelle dans ses méthodes, dans son ardeur et dans son expression ». Et sans l’Esprit Saint, cette nouvelle évangélisation ne pourrait être nouvelle, ni dans ses méthodes, ni dans son zèle, ni dans ses langages.

Vatican II a bien dit que l’Eglise est le plus court chemin vers Dieu pour l’homme moderne. Il n’en demeure pas moins que cette proximité entre l’Eglise et les hommes de notre temps ne peut se faire sans l’abandon de certaines vues de l’esprit, mentalités ou idéologies. Ceux-ci sont de véritables freins à l’évangélisation.

Nous pouvons particulièrement noter le relativisme qui nous laisse à penser que puisque nous serons tous sauvés, proposer explicitement aux autres le bonheur de vivre dès aujourd’hui avec le Christ est inutile. Mais également l’immobilisme, qui conduit à ne rien rénover et le cléricalisme, qui discrédite l’action des laïcs, ou encore le sécularisme, qui nous plonge encore parfois dans l’enfouissement. Sans oublier l’activisme, qui nous oblige à faire feu de tout bois sans pour autant mettre le feu quelque part, ou le fonctionnalisme, qui conduit à une logique de pouvoir où l’action évangélisatrice est cadenassée, étouffée par ceux qui pourraient au contraire aider à voir naître de nouvelles initiatives. Nous pourrions enfin citer le manque de charité, d’amour, entre chrétiens, qui atteint parfois, hélas, notre unité.

Pour faire sauter ces verrous, c’est finalement notre ancrage en la personne Christ, par la prière et l’Eucharistie, qui prévaudra. Comme le disait en décembre 2011 le prédicateur de la maison pontificale, le Père Raniro Cantalamessa, il faut « un grand acte de foi et d’espérance pour une nouvelle évangélisation ». Ce pourquoi succédera d’ailleurs au synode une « Année de la foi », que nous attendons tous avec impatience.

(1) l’herméneutique est, en théologie, l’interprétation des textes
(2) Ainsi Isabelle de Gaulmyn dans cet article de La Croix

 

TGV miséricorde

 

Revenons à l’essentiel pour ce XXIème siècle : la miséricorde de Dieu !

Il y a quelques jours, nous rentrons, mon épouse Marie, nos deux garçons et moi, d’une première communion en Bourgogne par le TGV Dijon-Paris. Le voyage ne va pas être facile, Karol (3 ans) et Joseph (18 mois) sont fatigués par cette longue journée et expriment déjà un peu de mauvaise humeur. En s’installant dans le ‘carré famille’ qui nous est réservé, une passagère, de l’autre côté, nous adresse la parole pour nous tranquilliser : « si vos enfants font du bruit, ne vous inquiétez pas, nous pourrons les supporter, c’est normal, à leur âge ! ».

Quelques instants plus tard, comme ils s’agitent, elle va leur acheter un paquet de chips au wagon-restaurant. Puis la conversation s’engage entre elle et ma femme.

D’origine algérienne, sa vie n’est pas facile : deux filles de deux maris différents, une  situation compliquée à gérer… Elle nous montre des photos d’elles sur son téléphone portable. Karol, qui est fan des téléphones mobiles (il sait parfaitement utiliser mon Iphone), regarde lui aussi.

Pendant ce temps, Joseph s’est attaqué au sac à main de Marie, qu’il vide méticuleusement. S’en échappe une neuvaine à la miséricorde divine. Karol à son tour s’approche de Joseph, il la prend dans les mains et la regarde. Sur la couverture de cette neuvaine, on voit Jésus peint selon la vision de Sainte Faustine.

Karol se dirige vers notre passagère et lui donne la neuvaine, en lui disant, droit dans les yeux : « Jésus, Jésus ». « Ah, je vais regarder », lui répond-elle aussitôt. Elle met ses lunettes et commence à lire. « Cela me touche beaucoup, dit-elle ». Elle s’apprête à nous la rendre mais Marie lui dit « Gardez-la, si cela vous fait plaisir ». « D’accord, je le garde, surtout que lorsqu’un enfant donne, ça veut dire quelque chose d’important ».

En effet, Karol, avec ses yeux perçants, a dû toucher quelque chose en elle. « Et puis, votre fils, on dirait un petit ange », ajoute-elle. Un peu plus tard, elle nous dit aimer la Saint Vierge car  « Marie fait partie de toutes les religions. »

Et voici comment Karol et Joseph ont évangélisé pour la première fois dans le TGV, sans que leurs parents fassent grand chose. Il suffit parfois de si peu !

A l’arrivée, cette femme nous dit « encore merci pour votre cadeau, et puis vous savez, c’est tombé au bon moment, j’en avais bien besoin ».

Quelques instants plus tard, je me tourne vers Marie et je lui demande : « Au fait, sais-tu quel jour on est ? » « Non, me répond-elle » « Nous sommes le dimanche de la divine miséricorde ». Tout s’explique !

Sur le même sujet, lire aussi “Une larme dans le TGV”.

 

Une larme dans le TGV

 

Seule, debout sur la plateforme du TGV en attendant qu’il parte, un téléphone vissé sur l’oreille, une jeune femme essuie une larme. Rangeant ma trottinette avec les bagages, je l’entends dire en soupirant : “ce qui va être pénible, c’est la garde partagée”. Je m’adresse à Dieu : “Seigneur, fais quelque chose pour elle, s’il te plaît !”.

Je vais m’assoir à ma place, côté couloir, carré fond de wagon. Une autre place est encore libre en face de moi, côté fenêtre. Et c’est elle qui vient s’y assoir : nos deux places étaient réservées.

Le hasard avec un grand P, comme dirait un ami. Ce qui signifie pour moi : réponse favorable, il faut y aller ! Monter au créneau, intelligemment, tout en douceur. Que faire ? Lui dire un petit mot de réconfort, ce serait bien le minimum. Mais comment, Seigneur ? Je dois la laisser libre. Faire attention à ne pas divulguer son secret aux autres passagers…

Un petit message par écrit ferait bien l’affaire. Mais je n’ai pas de stylo. Saisissant mon Iphone, je tape dans le bloc-note : “Si vous me permettez, je vais prier pour vous. Peut-être que rien n’est perdu ?”. Et je lui le tends, sous le regard étonné des deux autres personnes assises à côté de nous.
“C’est pour moi ?”, me demande-t-elle, interloquée. “Oui, c’est pour vous”. Elle lit. “Puis-je taper quelque chose ?” me demande-t-elle. “Je vous en prie”. Elle me le rend. Il est écrit : “Je ne sais pas ce que vous avez compris”.

Surprise : feu rouge. Elle ne veut pas en parler. Trop douloureux, trop intime, surtout avec un inconnu. J’écris seulement : “J’ai dû mal comprendre, excusez-moi. J’ai cru vous voir pleurer et parler de garde d’enfants”. J’ajoute, pour m’en excuser : “j’ai entendu beaucoup de souffrances aujourd’hui”. Elle lit mon message et me le rend, sans dire un mot, mais elle me fait timidement oui de la tête, en me fixant droit dans les yeux, comme si elle allait éclater en sanglots. Je lui rends un sourire. C’est tout. Rien qu’un sourire.

Je vais prier pour elle, c’est sûr, et je vous invite à faire de même, chers amis internautes. Depuis Pâques, le Christ a vaincu la mort : il peut tout pour cette jeune femme dont je ne connais même pas le prénom.

NB : Trois mois plus tard, un matin dans le TGV, quelqu’un tape sur mon épaule : “Vous souvenez-vous de moi ? Je voudrais juste vous remercier pour l’attention que vous aviez eue, c’était très gentil.” Encore une nouvelle occasion d’aller plus loin !

Lunettes connectées de Google : une révolution ?

On les attendait avec impatience, ces lunettes dignes de Terminator ou des pilotes de F16. Et voici que Google a levé en partie le voile, jeudi 5 avril, sur ce nouveau gadget en réalité augmentée, cette surcouche d’informations sur ce que l’on voit. Pardon, vous parlez d’un gadget ?

La vidéo de démonstration ci-dessus achèvera de vous convaincre de l’utilité réelle d’un tel outil qui n’est pas (encore) commercialisé. Sachant qu’un prototype de lentilles de contact serait aussi encore cours de développement ! On aime : le petit morceau de guitare depuis un toit, pour émouvoir sa dulcinée… On aime moins : le poids de la monture, qu’il faudra sans doute alléger, l’autonomie de l’appareil, qu’il faudra rapidement rallonger si l’on veut pouvoir l’utiliser H24. Un peu surréaliste : les plans des librairies ! A tester : la reconnaissance vocale dans une rame de métro…

Google a drôlement planché sur le sujet. Depuis son application Google Goggles, qui permet de reconnaître bâtiments et oeuvres d’art prises en photo avec un téléphone portable, les ingénieurs de la firme Mountain View en voient de toutes les couleurs pour nous donner à voir différemment. Rappelons aussi que le géant du web a racheté 2010 Plink, une société spécialisée dans la reconnaissance d’images, lui permettant sans doute d’être au top des dernières technos en la matière.

Avec les flashs codes que l’on voit se reproduire sur de plus en plus de pubs et de flyers, il faut bien dire que nous sommes désormais loin de la simple reconnaissance de caractères comme celle que nous avons sur nos (vieux ?) scanners.

Quant au prix de ces nouvelles lunettes à faire pâlir d’envie Alain Afflelou, nul doute qu’il sera loin d’être abordable, mais nous en reparlerons. Ces lunettes nous aideront-elles à mieux comprendre le monde qui nous entoure, à mieux communiquer entre nous ? Comme toute technique, cela dépendra de l’utilisation qui en sera faite. Permettront-elles aussi un peu de transcendance dans ce monde à l’horizontal ?

Si l’on voit, par exemple, les horaires des messes ou des confessions s’afficher lorsqu’on passe devant une église un jeudi saint, nul doute que Jésus redeviendra premier dans la vie de nombreuses personnes !

En tout cas, espérons qu’avec ces lunettes ‘connectées’, nous ne perdrons pas pied dans la réalité augmentée.

« C’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur »

C’est aujourd’hui l’anniversaire de la mort de Jean-Paul II, aussi je voudrais lui dédier ce billet avec un extrait du discours qu’il a prononcé lors de la veillée des JMJ de Rome, à Tor Vergata, dont certains ici se souviennent sûrement ! C’était le samedi 19 août 2000, par une belle nuit d’été. Pour ma part, ce texte reste d’anthologie, lors d’un moment fort de mon existence. Je me souviens d’un Jean-Paul II en osmose avec nous, agitant les bras en cadence avec nos chants, et nous pouvions comme dialoguer avec lui…

Au delà de l’émotion que cet événement suscite encore en moi (ramenant de nombreux autres souvenirs !), je vois dans ces paroles  un testament laissé aux jeunes chrétiens que nous étions et aux adultes engagés que nous sommes depuis devenus. A ce titre, il est bon d’y revenir. Le pape parle en particulier d’une question fondamentale, celle que pose justement Jésus à ses disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,15)

Extrait :

Ce soir, je vais vous remettre l’Évangile. C’est le don que le Pape vous fait en cette veillée inoubliable. La parole qu’il contient est la parole de Jésus. Si vous l’écoutez en silence, dans la prière, en vous faisant aider par les sages conseils de vos prêtres et de vos éducateurs, afin de la comprendre pour votre vie, vous rencontrerez le Christ et vous le suivrez, engageant jour après jour votre vie pour lui !
En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait; c’est lui, la beauté qui vous attire tellement; c’est lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer aux compromis; c’est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie; c’est lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus profondes que d’autres voudraient étouffer. C’est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle.

Texte intégral : sur le site du Vatican

Hommage au catholique Abel Chennouf

 


Homélie du P. Christian Venard, aumônier catholique du 17e RGP (Régiment du Génie Parachutiste), pour l’inhumation du caporal Abel Chennouf, assassiné à Montauban, au cimetière de Manduel.

« Abel, mon camarade parachutiste, mon frère, voilà une semaine, jour pour jour et presque heure pour heure, je tenais ta main, encore chaude de la vie que venait de te prendre un assassin. Je tenais ta main en priant pour toi, en pensant à ta maman et en te confiant à notre Maman du Ciel, la Vierge Marie.

Je ne connaissais pas encore Caroline, mais si tel avait été le cas, je t’aurais aussi parlé pour elle et pour ce petit bébé que vous attendez. Puis je me suis penché sur ton camarade Mohamed Legouad qu’essayaient de maintenir en vie les remarquables équipes d’urgentistes. Enfin, j’ai assisté au départ vers l’hôpital de Loïc Liber, qui à cette heure même se bat, entouré de son papa et de sa maman, pour rester en vie. Que de souffrances. Que d’incompréhensions. Mais aussi que de solidarité, de soutien, d’hommages et, pour nous chrétiens, de foi (comme le rappelait hier l’évêque aux armées en la cathédrale de Montauban) et d’espérance, malgré tout !

Il y a deux mille sept cents ans, à Rome, au cœur même du forum, symbole et centre de la vie de la cité, un gouffre s’ouvrit. L’oracle consulté livra cette réponse : pour combler ce gouffre, Rome devait y engloutir ce qu’elle avait de plus précieux. Chacun s’interrogeait encore sur ce qui pouvait être de plus précieux, quand un jeune cavalier, un jeune homme armée, Curtius, se jeta avec son cheval dans le gouffre qui se referma aussitôt. Oui, ce que Rome avait de plus précieux était un jeune militaire défenseur de la cité.

Le criminel terroriste qui a mené ces actions dans lesquelles tu as perdu la vie, Abel, a tenté d’ouvrir un gouffre. Le prix à payer pour le combler est bien sûr infiniment trop lourd ; mais mon ami Abel, tu es devenu, comme Curtius, symbole de ce que notre pays, la France, possède de plus précieux. Et désormais, c’est ainsi que tu nous apparaît : jeune caporal parachutiste, mort pour la France, dans un attentat terroriste qui voulait mettre à bas notre patrie.

Abel, je veux aller encore plus loin. C’est parce que tu portais l’uniforme français, parce que tu étais fier de ton béret rouge, que ce criminel t’a visé. Ce que ce meurtrier ne pouvait savoir c’est aussi tout ce que tu représentes aujourd’hui pour notre Patrie. Issue d’une famille à la fois alsacienne (avec tout ce que cette région fait ressortir en notre pays des souffrances liées aux deux conflits mondiaux) et kabyle (et comment ne pas évoquer ici les douloureux événements d’Algérie), ta famille choisit la France avec (et je reprends les mots mêmes de ton cher papa), avec toutes ses traditions, y compris ses racines les plus profondes, qui sont chrétiennes. Comment ne pas voir, mon ami Abel, dans une telle accumulation de symboles, ce que nous avons de plus précieux cette capacité que possède notre Patrie française de prendre en son sein, tous ceux qui veulent devenir ses fils.

Au moment où nous allons te porter en terre, dans cette terre pétrie des ossements de nos pères (c’est cela la patrie aussi), Abel, avec toute ta famille, tes amis, tes camarades parachutistes, je te fais le serment que nous soutiendrons Caroline et ton enfant. Que nous resterons présent auprès des tiens. Désormais c’est à Dieu que nous te confions, au travers des rites catholiques qui accompagnent nos défunts. Nous savons que tu es vivant auprès du Père. Tu as rejoint Jésus, ce Dieu fait homme, cet innocent mort à cause de la méchanceté et la violence qui habitent trop souvent le cœur des hommes. Ton sacrifice se trouve comme enveloppé dans celui du Christ Jésus. En te retrouvant jeudi dernier, gisant sur le sol montalbanais, en prenant ta main et en voyant couler de tes blessures ce sang si rouge et si pur, je confiais au Seigneur de la Vie, cette vie qui s’écoulait de toi. Et si aucune larme ne sortait de mes yeux, comme tant de tes camarades, c’est mon cœur qui pleurait sur toute violence faite aux innocents sur cette pauvre terre. Et c’est à l’Innocent qui a versé son sang pour nous réconcilier avec son Père, qui a versé son propre sang en rançon pour toutes les violences, que je confiais ta belle âme.

Abel, français d’origine alsacienne et kabyle, catholique par choix, parachutiste au service de la France, que notre grand saint patron, que l’archange Saint Michel t’accueille et te fasse entrer au sein du Père, avec le Fils et le Saint-Esprit. Amen. »