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Dieu est de retour

La nouvelle évangélisation, c’est maintenant !

La nouvelle évangélisation, c’est maintenant !

Dix ans que j’attendais ça. Dix ans qu’un évêque bien connu du Sud de la France, Mgr Dominique Rey, m’a parlé pour la première fois d’évangélisation et de nouvelle évangélisation, comme je l’ai raconté dans mon livre Dieu est de retour, la nouvelle évangélisation de la France, sorti en 2009. (Cet évêque a été nommé par Benoît XVI pour participer au Synode pour la nouvelle évangélisation qui a lieu en ce moment à Rome).

Un synode sur le sujet ? Mais pourquoi faire ?

Cet évènement est la suite de la création par le pape du Conseil pontifical pour la nouvelle évangélisation, le 21 septembre 2010, afin de « promouvoir une évangélisation renouvelée dans les pays où la première annonce de la foi a déjà retenti et où sont présentes des Eglises d’antique fondation, mais qui vivent une sécularisation progressive de la société et une sorte ‘d’éclipse du sens de Dieu’ » [1].

Loin d’être une simple parenthèse dans le pontificat de Benoît XVI, ce synode pour la nouvelle évangélisation s’inscrit au contraire dans la droite ligne de la priorité n°1 que le pape s’est fixée : « rendre Dieu présent dans ce monde et ouvrir aux hommes l’accès à Dieu »[2]. N’a-t-il pas également précisé que son pontificat est « un pèlerinage pour apporter Dieu au monde » [3] ?

En effet, depuis que Joseph Ratzinger est sur le trône de Pierre, il emploie le mot « nouvelle évangélisation » tous les 3 mois en moyenne. Il en a aussi parlé dans des textes de référence comme Verbum Domini, sur la Parole de Dieu, dans son livre Lumière du monde… Les prochaines JMJ au Brésil auront également lieu sur ce thème de la mission première de l’Eglise, l’évangélisation.

On voit donc bien qu’il ne s’agit pas d’un feu de paille ou d’un concept surexploité. D’ailleurs, le pape le précise lui-même : « la nouvelle évangélisation est le premier engagement de tous les catholiques ». C’est donc pour tout le monde ! Même ceux qui n’y croyaient pas. Ou ceux qui voyaient la nouvelle évangélisation comme une simple mouvance au sein de l’Eglise ou un quasi-monopole des communautés nouvelles. Il s’agit bien d’un appel à tous les catholiques, à tous les diocèses, à toutes les communautés au sens large, à toutes les « forces ecclésiales » pour reprendre les mots de Jean-Paul II sur le sujet. N’oublions pas que c’est lui qui a lancé cette formule.

Aux sources de la nouvelle évangélisation

C’était le 9 juin 1979, en Pologne, devant les ouvriers de la ville nouvelle Nowa Huta, l’un des hauts lieux de résistance au communisme, sur une place où il n’était pas prévu par les autorités d’y construire une église. Jean-Paul II déclare alors : « En ces temps nouveaux, en cette nouvelle condition de vie, l’Évangile est de nouveau annoncé. Une nouvelle évangélisation est commencée, comme s’il s’agissait d’une nouvelle annonce, bien qu’en réalité ce soit toujours la même. La croix se tient debout sur le monde qui change ».

(C’était il y a 33 ans, j’étais encore dans le ventre de ma mère et je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait !)

Trois ans plus tard, à Haïti, Jean-Paul II exhorte les croyants à se lancer dans une « nouvelle évangélisation, nouvelle dans son ardeur, nouvelle dans ses méthodes et dans son expression »[4]. Outre ce véritable appel lancé aux catholiques, c’est ici que Jean-Paul II donne sa définition de la nouvelle évangélisation, qu’il nous faudrait encore approfondir.

En 1988, dans son exhortation apostolique post-synodale Christifideles laici, sur la vocation et la mission des laïcs dans l’Eglise et dans le monde, celui qui est devenu le bienheureux Karol Wojtyla rappelle à plusieurs reprises « l’urgence » d’une nouvelle évangélisation menée par les laïcs : « L’heure est venue d’entreprendre une nouvelle évangélisation, déclare-t-il ; le phénomène de la sécularisation frappe les peuples qui sont chrétiens de vieille date, et ce phénomène réclame, sans plus de retard, une nouvelle évangélisation » [5]

Il s’agit donc bien d’une urgence qui n’est pas totalement nouvelle mais qui reste toujours  cruciale aujourd’hui. Jean-Paul II ajoute : « L’Eglise, qui observe et vit l’urgence actuelle d’une nouvelle évangélisation, ne peut esquiver la mission permanente qui est celle de porter l’Evangile à tous ceux qui – et ils sont des millions et des millions d’hommes et de femmes – ne connaissent pas encore le Christ Rédempteur de l’homme. C’est là la tâche la plus spécifiquement missionnaire que Jésus a confiée et de nouveau confie chaque jour à son Eglise. » [6]

L’évangélisation renouvelée…

Comme je l’écrivais dans mon livre cité plus haut, évangéliser, c’est répondre à cet appel du Christ, lancé il y a 2000 ans, pour répandre l’amour de Dieu dans le monde [7]. Le message de l’Evangile doit donner au monde la révélation d’un chemin qui est aussi Vérité et Vie, or le monde évolue. Pour répondre aux nouveaux défis qu’apporte cette modernité, l’annonce du message – et non pas le message lui-même ! – doit s’adapter. A frais nouveaux, et sans attendre ! Et quoi qu’en disent ceux qui pensent que l’Eglise serait rétrograde, alors qu’elle est au contraire en avance sur la société. (Cf cet article de Stéphanie Lebars proposé en analyse de la série Ainsi soient-ils par la Une du journal Le Monde le 8 octobre dernier, au sujet du synode).

Que dire de plus ? Nous pourrions parler des différentes méthodes de cette évangélisation nouvelle (la nécessite d’une annonce explicite et sans équivoque du Christ [8]), des destinataires possibles (ceux qui ne connaissent pas leur sauveur, comme ceux qui ont quitté l’Eglise sur la pointe des pieds), de nos stratégies, des bons exemples, etc. Nous pourrions énumérer encore les freins à l’évangélisation (lire à ce sujet le chapitre que leur a consacré Mgr Rey ce mois-ci dans son nouveau livre Paroisses, réveillez-vous !).

…c’est maintenant !

Aujourd’hui, l’heure est venue pour nous tous de passer des paroles aux actes. Inspirés par l’Esprit Saint, il est urgent de lancer de nouvelles initiatives tout aussi audacieuses que pertinentes. Il est urgent d’entrer plus facilement encore en relation personnelle avec nos contemporains, au travail, vers nos voisins, dans les rues, sur les places, par Internet et même dans les transports comme le TGV par exemple ! Partout. Il est urgent de témoigner de notre rencontre personnelle avec le Christ, de proposer cette « metanoïa »[9] déterminante pour toute notre vie, sans l’imposer, mais sans s’en cacher non plus. Il est urgent de répondre enfin avec « douceur et respect » à l’attente de tous ceux qui espèrent que nous rendions compte de l’espérance qui est en nous. (Et ils sont bien plus nombreux que nous l’imaginons, d’ailleurs beaucoup ont déjà été touchés par des chrétiens !). Bref, n’attendons plus, la nouvelle évangélisation, c’est maintenant !

Ps : Peut-être Benoît XVI tira-t-il une exhortation de ce synode ? (Comme l’a fait Paul VI pour le synode sur l’évangélisation dans le monde moderne, poussé par Jean-Paul II… [10].)


[1] Benoît XVI, première audience aux membres du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, 30 mai 2011.

[2] Benoît XVI, discours prononcé lors de la bénédiction des flambeaux, sur l’esplanade du sanctuaire de Fatima, au Portugal, le 12 mai 2010.

[3] Benoît XVI, message aux participants au deuxième congrès mondial pour la Pastorale des pèlerinages et des sanctuaires, 27 septembre 2010.

[4] Jean-Paul II, Port-au-Prince (Haïti), 9 mars 1983.

[5] Jean-Paul II,  Christifideles laici, § 4

[6] Ibid, § 35

[7] Cf par exemple la finale de l’Evangile de Matthieu (Mt 28, 19

[8] Cf paragraphe 22, Paul VI, Evangelii Nuntiandi, sur la nécessité d’une annonce explicite.

[9] Lire à ce sujet la conférence du cardinal Ratzinger sur la nouvelle évangélisation pour le jubilé des catéchistes, en l’an 2000.

[10] En 1974, le 4e Synode des évêques se réunit à Rome sur le thème de  l’évangélisation dans le monde moderne. L’histoire raconte qu’au cours d’une des sessions finales, le Rapporteur général, un certain Karol Wojtyla, archevêque de Cracovie et consulteur au Conseil des Laïcs, demande la parole. Dans une intervention qui s’avèrera prophétique, il demande que le pape Paul VI reprennent à son compte les recommandations élaborées. Celui-ci accepte et en fait l’exhortation apostolique post-synodale Evangelii Nuntiandi, texte de référence encore aujourd’hui sur l’évangélisation dans le monde moderne.

Ainsi soient-ils : faut-il réagir ?


Une des affiches diffusées un peu partout, dont le métro parisien.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette série qui sera diffusée dans 15 jours sur Arte. Quelques cathos influents nous disent qu’il ne faut surtout pas réagir. En tout cas, attendre de voir…

Un premier motif donné pour cela : « il y a d’autres combats plus importants à mener ». Certes, nous devons être en ce moment sur tous les fronts. Mais cela veut-il dire qu’il faut en abandonner certains ? Chacun a le droit de préférer une bataille à une autre, celle de l’euthanasie, par exemple, au mariage gay, ou encore répercuter les appels au secours des chrétiens persécutés du Moyen-Orient. Mais n’opposons pas les initiatives entre elles, il y a de la place pour tout le monde, pour toutes les bonnes volontés, selon leur charisme et leur appel.

Un deuxième impératif serait de « ne pas faire de publicité inutile à cette série ». Mais problème : les pubs sont déjà présentes dans le métro, sur Internet, grâce à une lourde campagne de communication payée par Arte, qui selon la presse spécialisée cherche avec cette nouvelle série à retrouver de l’audience. Comme si nous pouvions rivaliser avec une agence de com’ aux moyens très importants, précisément celle que François Hollande a choisi pour sa campagne présidentielle (BDDP et Fils).

Les cathos auraient-ils aussi, en juillet, fait trop de « pub » à Inquisitio ? Je ne le pense pas : il s’agissait plutôt d’une légère contre-publicité à cette série diffusée en prime time sur France 2. Le site de L’Inquisition pour les nuls a en effet reçu la visite de 20.000 visiteurs uniques en deux semaines, cathos compris, quand le premier épisode rassemblait à lui seul plus de 3 millions de téléspectateurs derrière leurs télévisions : nous ne jouons décidément pas dans la même cour, notre capacité de réponse est sans commune mesure avec la force des mass medias. Arte peut monter jusqu’à 1 million de téléspectateurs en prime time. Tout au plus, avec Internet, nous pouvons juste en « rattraper » quelques uns via une bonne stratégie de référencement, ce qui est déjà pas mal. 🙂

Voici, pour finir, le troisième motif donné : « ne pas créer de polémique, puisque c’est ce qu’ils recherchent ». Confère le mail envoyé à certains blogueurs catholiques pour les provoquer (et les inviter à une avant-première). Ou la fausse lettre de prêtre condamnant la série publiée – puis retirée – sur le blog d’Arte. Mais justement, ne pouvons-nous pas apporter des réponses sans pour autant polémiquer ? N’y a-t-il pas un espace entre la « réaction » revancharde et l’explication de texte ?

Et puis, à ceux qui veulent nous chercher des poux, suffira-t-il un jour de nous provoquer pour aussitôt nous réduire au silence et donc nous empêcher de témoigner ? Le Christ ne répondait-il pas souvent à ceux qui le mettaient à l’épreuve, non par l’esquive, ni par la pique, mais en faisant appel à leur intelligence ?

Cette série pose donc deux questions : 1. Faut-il réagir ? 2. Comment réagir ?

  1. Faut-il réagir ? Et si, au contraire, cette série était une nouvelle occasion de témoigner, de donner les raisons de notre espérance, avec douceur et respect, comme nous le demande le premier pape de l’Eglise ? (1). J’ai vu les 8 premiers épisodes, et sans vous en dire plus pour le moment, il me semble donc que c’est une magnifique opportunité pour répondre, oserais-je dire une « chance », mais bien sûr pas de n’importe quelle manière.
  1. Comment réagir ? Justement, de façon calme, posée, réfléchie, adaptée. Comme le disait un responsable de l’Opus Dei au moment du Da Vinci Code, il peut s’agir de « faire de la limonade avec du citron ». Car la limonade, tout le monde peut la boire, même si au départ nous partons d’un goût acide. Nous devons aussi absolument respecter la règle des trois « P » : être professionnel, poli, et positif. Facile ? Essayons, au moins, avec les petits moyens que nous avons.

Il est enfin temps de prendre conscience qu’en France, l’Eglise catholique entre dans une ère de communication de crise, et ce quasi-permanente. Qui pourra l’aider ?

Depuis Vatican II, nous, laïcs, loin de tout cléricalisme, et sans nous affoler, disposons d’une liberté d’action pour agir. (Ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, de se coordonner avec les instances officielles). Une réaction ne serait-elle justement pas d’abord le rôle des laïcs, et non de l’institution ? Ne devons-nous pas prendre nos responsabilités ? Et moi-même, dois-je agir ?

Un de mes amis me rappelait hier, toujours au sujet nouvelle série, la lecture de dimanche dernier (2), forte à propos et qui rejoint la recommandation de Saint Pierre citée plus haut :

« Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à notre conduite, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’abandonner nos traditions. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui. »

(1) 1 Pi 3,15
(2) Sg 2, 12, 17-20