Ainsi soient-ils : faut-il réagir ?


Une des affiches diffusées un peu partout, dont le métro parisien.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette série qui sera diffusée dans 15 jours sur Arte. Quelques cathos influents nous disent qu’il ne faut surtout pas réagir. En tout cas, attendre de voir…

Un premier motif donné pour cela : « il y a d’autres combats plus importants à mener ». Certes, nous devons être en ce moment sur tous les fronts. Mais cela veut-il dire qu’il faut en abandonner certains ? Chacun a le droit de préférer une bataille à une autre, celle de l’euthanasie, par exemple, au mariage gay, ou encore répercuter les appels au secours des chrétiens persécutés du Moyen-Orient. Mais n’opposons pas les initiatives entre elles, il y a de la place pour tout le monde, pour toutes les bonnes volontés, selon leur charisme et leur appel.

Un deuxième impératif serait de « ne pas faire de publicité inutile à cette série ». Mais problème : les pubs sont déjà présentes dans le métro, sur Internet, grâce à une lourde campagne de communication payée par Arte, qui selon la presse spécialisée cherche avec cette nouvelle série à retrouver de l’audience. Comme si nous pouvions rivaliser avec une agence de com’ aux moyens très importants, précisément celle que François Hollande a choisi pour sa campagne présidentielle (BDDP et Fils).

Les cathos auraient-ils aussi, en juillet, fait trop de « pub » à Inquisitio ? Je ne le pense pas : il s’agissait plutôt d’une légère contre-publicité à cette série diffusée en prime time sur France 2. Le site de L’Inquisition pour les nuls a en effet reçu la visite de 20.000 visiteurs uniques en deux semaines, cathos compris, quand le premier épisode rassemblait à lui seul plus de 3 millions de téléspectateurs derrière leurs télévisions : nous ne jouons décidément pas dans la même cour, notre capacité de réponse est sans commune mesure avec la force des mass medias. Arte peut monter jusqu’à 1 million de téléspectateurs en prime time. Tout au plus, avec Internet, nous pouvons juste en « rattraper » quelques uns via une bonne stratégie de référencement, ce qui est déjà pas mal. 🙂

Voici, pour finir, le troisième motif donné : « ne pas créer de polémique, puisque c’est ce qu’ils recherchent ». Confère le mail envoyé à certains blogueurs catholiques pour les provoquer (et les inviter à une avant-première). Ou la fausse lettre de prêtre condamnant la série publiée – puis retirée – sur le blog d’Arte. Mais justement, ne pouvons-nous pas apporter des réponses sans pour autant polémiquer ? N’y a-t-il pas un espace entre la « réaction » revancharde et l’explication de texte ?

Et puis, à ceux qui veulent nous chercher des poux, suffira-t-il un jour de nous provoquer pour aussitôt nous réduire au silence et donc nous empêcher de témoigner ? Le Christ ne répondait-il pas souvent à ceux qui le mettaient à l’épreuve, non par l’esquive, ni par la pique, mais en faisant appel à leur intelligence ?

Cette série pose donc deux questions : 1. Faut-il réagir ? 2. Comment réagir ?

  1. Faut-il réagir ? Et si, au contraire, cette série était une nouvelle occasion de témoigner, de donner les raisons de notre espérance, avec douceur et respect, comme nous le demande le premier pape de l’Eglise ? (1). J’ai vu les 8 premiers épisodes, et sans vous en dire plus pour le moment, il me semble donc que c’est une magnifique opportunité pour répondre, oserais-je dire une « chance », mais bien sûr pas de n’importe quelle manière.
  1. Comment réagir ? Justement, de façon calme, posée, réfléchie, adaptée. Comme le disait un responsable de l’Opus Dei au moment du Da Vinci Code, il peut s’agir de « faire de la limonade avec du citron ». Car la limonade, tout le monde peut la boire, même si au départ nous partons d’un goût acide. Nous devons aussi absolument respecter la règle des trois « P » : être professionnel, poli, et positif. Facile ? Essayons, au moins, avec les petits moyens que nous avons.

Il est enfin temps de prendre conscience qu’en France, l’Eglise catholique entre dans une ère de communication de crise, et ce quasi-permanente. Qui pourra l’aider ?

Depuis Vatican II, nous, laïcs, loin de tout cléricalisme, et sans nous affoler, disposons d’une liberté d’action pour agir. (Ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, de se coordonner avec les instances officielles). Une réaction ne serait-elle justement pas d’abord le rôle des laïcs, et non de l’institution ? Ne devons-nous pas prendre nos responsabilités ? Et moi-même, dois-je agir ?

Un de mes amis me rappelait hier, toujours au sujet nouvelle série, la lecture de dimanche dernier (2), forte à propos et qui rejoint la recommandation de Saint Pierre citée plus haut :

« Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à notre conduite, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’abandonner nos traditions. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui. »

(1) 1 Pi 3,15
(2) Sg 2, 12, 17-20

1 réflexion sur « Ainsi soient-ils : faut-il réagir ? »

  1. Francisco

    Tout à fait d’accord avec ça !
    Ton blog est très interessant; Continue de l’alimenter !
    Bon courage;
    A+
    Francisco Rodirguez de la Mancha.

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