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Valaam, l’archipel des moines, ce soir à 20h40 sur KTO


 

François Lespes m’a envoyé son film il y a quelques semaines, je l’ai regardé ce matin dans le TGV. Un signe qui ne trompe pas : mon voisin de gauche suivait par-dessus mon épaule, grâce aux sous-titres de la traduction du russe vers le français… mais sans doute aussi à cause de la très grande beauté des images.

Car Valaam, l’archipel des moines, c’est avant tout un très très beau film. Dès les premières secondes, on est happé dans un autre monde : un aéroglisseur de l’ère soviétique nous emporte sur un lac gelé, dans la Russie de Saint Pétersbourg.

Qu’allons-nous trouver ? Rien de moins qu’un monastère qui renaît de ses cendres en à peine 23 ans. Et personnellement, ce film a réveillé en moi de nombreux souvenirs, me rappelant le début du renouveau orthodoxe auquel j’ai pu assister en Russie il y a déjà 20 ans, entre 1991 et 1994. (Les églises se remplissaient à vue d’oeil, les russes se mettaient des croix autour du cou, bien que n’ayant jamais pratiqué… et les orthodoxes étaient totalement décomplexés face à la chute de l’URSS !).

Je peux donc dire que dans Valaam, nous retrouvons tout ce qui fait la beauté de l’âme russe et orthodoxe. Malgré le froid, l’atmosphère de ce film est chaleureuse, et intime aussi, sans jamais tomber dans le voyeurisme, avec la simplicité et la discrétion que l’on connaît chez François Lespes. Il nous donne aussi, en filigrane, son témoignage personnel, nous racontant ce qui l’a conduit à Valaam, ce qui fait du film beaucoup plus qu’un simple documentaire : une évangélisation.

De plus, la spiritualité orthodoxe nous fait du bien à nous, occidentaux, et les quelques paroles des moines, qui se confient peu à peu, nous touchent en plein coeur. On retrouve encore cette patte propre de celui qui réalise les témoignages de conversion sur KTO, comme cette jeune fille qui sur un bateau nous explique sa metanoïa en quelques mots limpides.
Comme on aimerait qu’il y ait d’autres films de ce genre sur nos chaînes françaises !

Bref, je suis certain que ce film vous donnera envie, vous aussi, d’aller à Valaam y contempler la nature de cette si belle Russie… et peut-être, qui sait, de vous entretenir avec les moines ?
A ne pas manquer !

Correctif 27 novembre : Valaam est maintenant disponible sur Youtube

Ainsi soient-ils : faut-il réagir ?


Une des affiches diffusées un peu partout, dont le métro parisien.

Vous avez peut-être déjà entendu parler de cette série qui sera diffusée dans 15 jours sur Arte. Quelques cathos influents nous disent qu’il ne faut surtout pas réagir. En tout cas, attendre de voir…

Un premier motif donné pour cela : « il y a d’autres combats plus importants à mener ». Certes, nous devons être en ce moment sur tous les fronts. Mais cela veut-il dire qu’il faut en abandonner certains ? Chacun a le droit de préférer une bataille à une autre, celle de l’euthanasie, par exemple, au mariage gay, ou encore répercuter les appels au secours des chrétiens persécutés du Moyen-Orient. Mais n’opposons pas les initiatives entre elles, il y a de la place pour tout le monde, pour toutes les bonnes volontés, selon leur charisme et leur appel.

Un deuxième impératif serait de « ne pas faire de publicité inutile à cette série ». Mais problème : les pubs sont déjà présentes dans le métro, sur Internet, grâce à une lourde campagne de communication payée par Arte, qui selon la presse spécialisée cherche avec cette nouvelle série à retrouver de l’audience. Comme si nous pouvions rivaliser avec une agence de com’ aux moyens très importants, précisément celle que François Hollande a choisi pour sa campagne présidentielle (BDDP et Fils).

Les cathos auraient-ils aussi, en juillet, fait trop de « pub » à Inquisitio ? Je ne le pense pas : il s’agissait plutôt d’une légère contre-publicité à cette série diffusée en prime time sur France 2. Le site de L’Inquisition pour les nuls a en effet reçu la visite de 20.000 visiteurs uniques en deux semaines, cathos compris, quand le premier épisode rassemblait à lui seul plus de 3 millions de téléspectateurs derrière leurs télévisions : nous ne jouons décidément pas dans la même cour, notre capacité de réponse est sans commune mesure avec la force des mass medias. Arte peut monter jusqu’à 1 million de téléspectateurs en prime time. Tout au plus, avec Internet, nous pouvons juste en « rattraper » quelques uns via une bonne stratégie de référencement, ce qui est déjà pas mal. 🙂

Voici, pour finir, le troisième motif donné : « ne pas créer de polémique, puisque c’est ce qu’ils recherchent ». Confère le mail envoyé à certains blogueurs catholiques pour les provoquer (et les inviter à une avant-première). Ou la fausse lettre de prêtre condamnant la série publiée – puis retirée – sur le blog d’Arte. Mais justement, ne pouvons-nous pas apporter des réponses sans pour autant polémiquer ? N’y a-t-il pas un espace entre la « réaction » revancharde et l’explication de texte ?

Et puis, à ceux qui veulent nous chercher des poux, suffira-t-il un jour de nous provoquer pour aussitôt nous réduire au silence et donc nous empêcher de témoigner ? Le Christ ne répondait-il pas souvent à ceux qui le mettaient à l’épreuve, non par l’esquive, ni par la pique, mais en faisant appel à leur intelligence ?

Cette série pose donc deux questions : 1. Faut-il réagir ? 2. Comment réagir ?

  1. Faut-il réagir ? Et si, au contraire, cette série était une nouvelle occasion de témoigner, de donner les raisons de notre espérance, avec douceur et respect, comme nous le demande le premier pape de l’Eglise ? (1). J’ai vu les 8 premiers épisodes, et sans vous en dire plus pour le moment, il me semble donc que c’est une magnifique opportunité pour répondre, oserais-je dire une « chance », mais bien sûr pas de n’importe quelle manière.
  1. Comment réagir ? Justement, de façon calme, posée, réfléchie, adaptée. Comme le disait un responsable de l’Opus Dei au moment du Da Vinci Code, il peut s’agir de « faire de la limonade avec du citron ». Car la limonade, tout le monde peut la boire, même si au départ nous partons d’un goût acide. Nous devons aussi absolument respecter la règle des trois « P » : être professionnel, poli, et positif. Facile ? Essayons, au moins, avec les petits moyens que nous avons.

Il est enfin temps de prendre conscience qu’en France, l’Eglise catholique entre dans une ère de communication de crise, et ce quasi-permanente. Qui pourra l’aider ?

Depuis Vatican II, nous, laïcs, loin de tout cléricalisme, et sans nous affoler, disposons d’une liberté d’action pour agir. (Ce qui n’empêche pas, d’ailleurs, de se coordonner avec les instances officielles). Une réaction ne serait-elle justement pas d’abord le rôle des laïcs, et non de l’institution ? Ne devons-nous pas prendre nos responsabilités ? Et moi-même, dois-je agir ?

Un de mes amis me rappelait hier, toujours au sujet nouvelle série, la lecture de dimanche dernier (2), forte à propos et qui rejoint la recommandation de Saint Pierre citée plus haut :

« Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à notre conduite, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’abandonner nos traditions. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons où il aboutira. Si ce juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et le délivrera de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un veillera sur lui. »

(1) 1 Pi 3,15
(2) Sg 2, 12, 17-20

Internet nous rend-il idiots ?

Limiter notre intériorité. Voici le 15eme danger d’Internet, relevé dans mon livre Dieu et Internet, 40 questions pour mettre le feu au web, à la question « Quels sont les dangers d’Internet ? » (n°6, p. 45). En écho notamment, la théorie de Nicolas Carr, selon qui Internet nous rendrait idiot… Extrait tiré du livre.

Pour Jean-Paul II, Internet présente également le danger de limiter notre capacité à la contemplation. « Internet redéfinit de façon radicale le rapport psychologique d’une personne au temps et à l’espace, dit-il en 2002. L’attention est concentrée sur ce qui est tangible, utile et immédiatement disponible ; l’encouragement à approfondir la pensée et la réflexion peuvent manquer. Pourtant, les êtres humains ont un besoin vital de temps et de calme intérieur pour réfléchir et examiner la vie et ses mystères, et pour acquérir progressivement une domination mûre d’eux-mêmes et du monde qui les entoure. »

Le Pape à l’origine de la nouvelle évangélisation – y compris par Internet – précise : « La compréhension et la sagesse sont le fruit d’un oeil contemplatif sur le monde, et ne proviennent pas d’une simple accumulation de faits, quel que soit leur intérêt. Ils sont le résultat d’une réflexion qui pénètre la signification plus profonde des choses les unes par rapport aux autres et par rapport à la réalité tout entière. De plus, en tant que forum dans lequel pratiquement tout est acceptable et pratiquement rien ne dure, Internet favorise une façon relativiste de penser et alimente parfois le manque de responsabilité et d’engagement personnels. »

Gare donc au relativisme intellectuel qui troque une pensée pour une autre, comme s’il pouvait y avoir plusieurs vérités ! Nous verrons un peu plus loin que Benoît XVI a repris cette idée à son compte.

« Dans un tel contexte, concluait Jean-Paul II, comment pouvons nous cultiver cette sagesse qui ne provient pas seulement de l’information, mais de la réflexion, la sagesse qui comprend la différence entre le bien et le mal, et qui soutient l’échelle de valeurs qui découle de cette différence ? ».

Alors, Internet nous rend-il idiots ? L’Américain Nicholas Carr, auteur à succès sur la planète digitale, a enflammé la blogosphère et bien au-delà avec son troisième livre, intitulé Les bas-fonds, ou l’impact d’Internet sur nos cerveaux. Pour lui, l’utilisation d’Internet nous rend incapables de lire des documents qui dépassent quelques lignes.
L’auteur défend les thèses suivantes :

– comme le montrent les dernières avancées de la neuroscience par rapport à nos modes de pensée, le cerveau humain est dans un état d’apprentissage permanent ;
– les outils d’information changent notre manière de percevoir le monde, de penser et d’agir ;
– les changements induits par ces outils « informationnels » sont très rapides ;
– Internet aura autant d’impact sur notre cerveau que l’apparition de l’alphabet, de la cartographie, l’horloge ou l’imprimerie ;
– Internet est à notre service, mais peut devenir notre maître ;
– l’internaute perd une grande partie de ses capacités de concentration, de réflexion et de contemplation (reprenant ici à son compte l’idée de Jean-Paul II !) ;
– la tentation est grande de confier à l’informatique le travail de notre mémoire ;
– de moins en moins d’internautes arrivent à lire un livre en entier ;
– ce que Taylor a réalisé pour le travail manuel, Google (utilisé par 90 % des internautes) serait en train de l’appliquer au travail du cerveau.

Ainsi, comme l’avait écrit De Rosnais en 1996, auteur de L’homme symbiotique, Nicholas Carr cherche à démontrer que « l’Homo interneticus » se fatigue de moins en moins à force d’utiliser cet « outil de l’esprit » qu’est Internet. Il raconte aussi comment Friedrich Nietzsche, à trente-quatre ans, perdit la vue et n’arrivait donc plus à écrire. Le Danois Malling-Hansen, travaillant pour l’Institut royal hollandais des sourds-muets, lui fournit l’une des premières machines à écrire. Nous sommes en 1882. Très vite, des lecteurs lui font remarquer qu’il a changé de style, que ses textes sont plus denses et plus courts. Nietzsche répond alors : « Vous avez raison, nos outils d’écriture influent sur la création de nos pensées. »

Il est vrai que l’immense succès des SMS qui ne cessent de se répandre dans nos modes de communication, et de Twitter, le site de « microblogging » où les messages ne peuvent dépasser 140 caractères, peut nous effrayer. Lorsqu’on sait aussi que la longueur moyenne d’un texte lu sur Internet ne dépasse pas 1 200 signes, soit environ le tiers d’une page A4, nous pouvons nous interroger : répondent-ils à un impérieux besoin de rapidité et d’efficacité, ou trahissent-ils de façon générale une pensée étiolée ? Autrement dit, une réflexion synthétique signifie-t-elle pour autant qu’elle est réduite quant à sa substantifique moelle ?

Que dire alors de ces nombreux concours où l’épreuve du résumé de texte est utilisée pour mesurer la capacité des candidats à synthétiser leur pensée, ou de ces notes d’une seule page que demandent aujourd’hui les décideurs à leurs collaborateurs : sont-elles moins « réfléchies » pour autant ?

Il faut souligner encore qu’avec Internet, on assiste au grand retour de l’écrit… et donc d’une nouvelle réflexion écrite. De même que la micro-informatique a révolutionné le monde de la pensée, notamment avec l’apparition du traitement de texte : personnellement, quand j’ai découvert Word, je me suis senti l’âme d’un écrivain ! Cet outil a donné à chacun l’envie d’écrire, de coucher sur le papier, de façon merveilleuse, avec une facilité inégalée (quelle aisance dans le déplacement des paragraphes !) ses impressions, ses idées, ses aventures ou le fruit de son imagination.

Aujourd’hui, le blog est l’outil par excellence de réflexion et de diffusion de la pensée des uns et des autres, quel qu’en soit le sujet. Interactif par le biais des commentaires, il permet d’échanger avec ses lecteurs et donc, sur ce plan, d’aller plus loin dans la réflexion. L’existence de 190 millions de blogs, publiant à la cadence de plus d’1,6 million de nouveaux billets par jour (1), sur lesquels se penchent 2 milliards d’internautes, nous montre qu’il y a ici un progrès de la connaissance et donc de la réflexion humaine elle-même.

Je crois donc que la théorie de Nicholas Carr est poussée à l’extrême, de la même façon que nous avions pu trouver des ouvrages intitulés L’ordinateur vous rend idiot, ou, plus récemment, PowerPoint vous rend idiot. Je ne rejoins pas non plus le philosophe Alain Finkielkraut pour qui « Internet est une poubelle ». C’est ce qu’il déclarait lors d’une récente émission d’« Arrêt sur images » sur France 5, expliquant sa crainte que des propos tenus entre amis se retrouvent instantanément sur le net. L’un des journalistes lui répondit : « J’ai envie de vous parler comme Karol Wojtyla : N’ayez pas peur ! » Pour dire quelques mots de son livre : Internet, l’inquiétante extase (2), il faut encore rappeler qu’Internet n’est qu’un outil, qu’il est donc moralement neutre. Seuls ses différents usages ont une incidence sur le bien et le mal. Internet n’est donc pas en soi la promesse d’un monde meilleur. Mais s’il est utilisé pour transmettre l’amour de Dieu, alors oui, le web pourra jouer un rôle majeur dans notre monde moderne pour y porter l’espérance de la vie éternelle, ce bonheur qui est aussi de vivre avec Jésus-Christ au quotidien.

(1) D’après Blogpulse.com et Technorati
(2) Ed. Mille et une nuits, 2001 (écrit avec Paul Soriano)

 

KTO sur la TNT : c’est encore possible !

KTO sera très probablement candidate pour le prochain appel de candidatures à l’obtention d’une fréquence pour la Télévision Numérique Terrestre (TNT). La ‘télévision catholique’ tenue par le diocèse de Paris pourrait officialiser sa candidature fin 2011, début 2012. Six nouvelles fréquences seront attribuées et KTO a toutes ses chances d’obtenir une place dans le saint des saints du PAF. Retour en détails sur une bataille qui ne fait que commencer pour l’évangélisation par les ondes.

En octobre dernier, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a lancé un appel à candidatures pour six nouvelles chaînes gratuites de la TNT. Les candidats doivent déposer leur dossier au plus tard le 3 janvier prochain et seront audités entre le 5 et le 9 mars 2012. Les autorisations seront délivrées en mai et les chaînes auront accès au saint des saints médiatique (les ondes nationales) en automne. « C’est un beau cadeau pour les téléspectateurssoulignait récemment Le Figaro, mais c’est un casse-tête dangereux pour le marché de la télévision. Avec 25 chaînes gratuites au lieu de 18 aujourd’hui, c’est l’ensemble du paysage qui sera, une nouvelle fois, bouleversé. Le ministère de la Culture ne s’y trompe pas. Pour limiter les dégâts, il préconise la création de chaînes thématiques aux économies plus modestes que celles de mini-généralistes qui auraient besoin de ponctionner lourdement le marché publicitaire pour vivre ». Or si la crise a vu en effet l’érosion des recettes publicitaires, ce qui n’aide pas les chaînes généralistes ou mini-généralistes, KTO est une chaîne thématique qui ne vit pas de publicité, mais de dons, ce qui lui donne beaucoup d’espoir.

De plus, La Tribune révélait hier que Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi dernier aux sages du CSA que le groupe France Télévision ne prendrait aucune nouvelle fréquence, avortant dans l’œuf le projet de passer France 5 en Haute Définition et celui de créer une chaîne pour les jeunes (Médiamétrie avait révélé que les chaînes publiques n’ont glané ‘que’ 15% de part d’audience sur les enfants durant la période avril à juin 2011). Ainsi le Président de la République donne une chance supplémentaire aux chaînes thématiques comme KTO.

La TNT, un succès en demi-teinte… qui sert KTO

Hier soir, trois chaînes de la TNT sont passées au dessus du million de téléspectateurs : W9, TMC et France 5, chacune pour la diffusion d’un film. Techniquement, la TNT est un succès : selon une étude du CSA du 5 décembre 2011, 97,6 % des foyers sont désormais connectés à la TNT, qui demeure le premier mode de réception de la télévision numérique devant la réception par ADSL (27,5 % des foyers y sont connectés), la réception par câble numérique (8,5 %), ou le satellite numérique (22,8 %). « Les grandes chaînes historiques, privées comme publiques, telles que TF1M6 et celles de France Télévisions ont vu leur audience s’éroder en six ans sous le poids de la concurrence des petites chaînes de la TNT qui ont ravi au total 23,6% de part d’audience », rappelait récemment encore Le Figaro. De plus, les petites chaînes gratuites de la TNT font également perdre l’attrait des bouquets satellites comme TPS. Les offres payantes sont en perte de vitesse : plus il y a de chaînes gratuites, estime un expert, moins il y a de raisons de s’abonner à une offre payante. Et là encore, comme la Bonne Nouvelle, KTO est gratuite. Elle apporte un supplément éthique quand la technique ne suffit pas à faire le succès d’une chaîne.

Au niveau de l’offre de contenus, la TNT a justement beaucoup de progrès à faire. Elle donne la part belle aux chaînes d’infos, aux chaînes musicales ou aux séries américaines recyclées. Le célèbre Club Averroes, qui regroupe 350 professionnels des médias, ne s’y trompe pas : dans son rapport 2010, il épingle justement la TNT pour « l’inertie de l’ensemble des grilles de programmes en matière de diversité à l’antenne ».

Le rôle du CSA

Le CSA décide du nombre de fréquences payantes ou gratuites sur la TNT selon la mission que lui assigne le législateur, que l’on peut définir ainsi : « maintenir des conditions d’une libre concurrence entre les grands opérateurs de l’audiovisuel ». Sauf exception, les petites chaînes n’ont pas voix au chapitre, ce qui est dommageable pour la diversité dans nos médias.

L’obtention d’une fréquence sur la TNT est aussi une décision politique à laquelle est associée le Premier ministre, de qui dépend la Direction des médias. D’habitude, le CSA préfère réserver une partie des fréquences de la TNT aux chaînes de sport, qui, avec la haute définition (HD), demandent plus de ressources que les chaînes classiques, notamment pour le football. Mais cette fois, le Président du CSA, Michel Boyon, appelle à « l’innovation et à la créativité des projets proposés ». Pour lui, « accorder des fréquences à des chaînes ressemblant trop à des chaînes existantes ne correspondrait ni à l’intérêt du public ni à l’évolution prévisible du marché publicitaire ». Or la chaîne KTO pourrait justement apporter « un autre son de cloche » dans une offre audiovisuelle uniforme.

De l’autre côté, les intérêts des grands opérateurs

En 2004 a été créé le HD Forum, association regroupant les professionnels de la diffusion, des constructeurs de récepteurs TV, mais aussi des grands opérateurs comme TF1, M6 ou TPS. Son but est de « promouvoir la télévision Haute Définition auprès des professionnels et du monde institutionnel ». Une commission « communication et marchés », dont le Président n’est autre que Christian de Pennart, actuel directeur général de KTO, a plus précisément pour but de « préparer des actions de communication » auprès des professionnels et du pouvoir politique. Entendre : du lobbying. Sont ainsi organisées des rencontres avec des membres du gouvernement pour favoriser l’émergence de la Haute Définition au profit des grands opérateurs. Ainsi, étaient présentes à la dernière rencontre de nombreuses personnalités comme Frédéric Mitterrand (Ministre de la Culture et de la Communication), Eric Besson (Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie) ou Rémy Pflimlin (PDG de France Télévisions).

La proposition de KTO

Loin du consumérisme mercantile, la proposition de KTO est d’offrir une vision spirituelle de la vie, des réponses, des repères à la lumière des valeurs de l’Evangile ; celles la même qui ont fait la France et l’Europe. Personne ne remplit cette mission à large échelle, alors même que de plus en plus de personnes cherchent à donner un sens à leurs vies. KTO a un caractère de service public et de service de l’intérêt général, joué par l’Eglise, ce qui rend légitime à lui seul une place sur TNT nationale. En allant sur la TNT, l’Eglise, ‘experte en humanité’ (Paul VI), veut continuer de jouer sur les ondes le rôle qu’elle joue dans la Cité, celle d’une petite lumière qui reste allumée nuit et jour. Une Eglise qui accueille (Secours catholique, etc.), qui apaise, écoute (confessions, funérailles), qui sert de médiateur (Immeubles en fête, etc.), qui éduque (écoles, préparation au mariage), qui fait grandir l’Homme pour son développement intégral (cf Benoît XVI, Caritas in veritate).

Pourquoi la TNT ?

Les bientôt 25 chaînes sur les ondes nationales resteront mille fois plus accessibles pour les Français que les milliers de chaînes ADSL, dont la plupart restent de simples tvs sur Internet, un modèle qui ne peut fonctionner en tant que tel sans la puissance du mass media. Aujourd’hui, quand on parle de Gulli, de W9, de BFM TV, ces chaines sont plus connues et ont plus de chance d’être vues par quiconque que ‘National Geographic’, ‘CCCV’, ‘RFM TV’ ou ‘Météo Channel’. Un peu comme on repère plus facilement une église dans n’importe quel village ou ville que le Temple Céleste des Archanges du 9ème jour ! Dans son exhortation sur l’évangélisation dans le monde moderne, au paragraphe consacrés aux mass media, Paul VI disait que « l’Eglise se sentirait coupable » s’il elle n’y allait pas (2). KTO est donc une réponse à cet appel de l’Eglise universelle.

« Nous voulons KTO sur la Télévision Numérique pour Tous » : bref historique

Bénéficier d’une chaîne catholique comme KTO sur les ondes de la TNT nationale est justement l’intuition géniale de son fondateur, le cardinal Jean-Marie Lustiger. Le 20 juin 2002, présentant une première fois la candidature de KTO, il se déplaçait lui-même devant les sages du CSA et leur déclarait : « Je sais que c’est un peu fou, mais j’ai l’habitude des folies qui réussissent, et je crois celle-ci nécessaire, non seulement pour le paysage télévisuel, mais aussi pour la culture française » (lire l’intégralité de sa plaidoirie toujours en ligne sur le site du CSA). KTO essuie un premier refus, mais le cardinal ne se décourage pas. Suite à l’annulation par le Conseil d’Etat des autorisations d’émettre de six chaînes de la TNT appartenant au groupe Canal+ (I-Télé, Sport+, Planète, Ciné-Cinéma Premier, Canal J et iMCM) à la suite d’une requête du groupe TF1, le CSA annonce le lancement d’un nouvel appel à candidatures afin d’attribuer les fréquences ainsi libérées. L’appel est lancé en mars 2004, KTO est à nouveau sur les rangs.

Le CSA refuse à nouveau. Sauf qu’intervient un petit évènement. Comme l’a déjà raconté le journaliste Marc Baudriller dans son livre Les réseaux cathos (1), je décide de lancer une pétition sur Internet, qui s’appellera « Nous voulons KTO », avec l’accord du directeur général de KTO de l’époque, Damien Dufour. Très vite, grâce à de nombreuses retombées médiatiques jusque dans les médias nationaux, ma pétition recueille 150.000 signatures et le soutien de nombreuses personnalités. On m’écrit depuis les ministères… Un peu plus tard, le CSA motive sa décision : « en raison de sa thématique confessionnelle, KTO vise un public restreint », ce qui donne un nouvel élan à la campagne.

Sur le front politique, un lobbying est alors lancé : une soixantaine de parlementaires, y compris d’anciens ministres, soutiennent bientôt l’initiative. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et des cultes, est sollicité. François Fillon assure alors au créateur de la campagne que le dossier « est en cours de traitement au cabinet du ministre ». La réponse ne se fait pas attendre. Dans une réponse adressée le 13 décembre 2005 au sénateur Hubert Haenel, Nicolas Sarkozy écrit en substance : « j’ai pris bonne note de la demande de M. Jean-Baptiste Maillard d’intervenir auprès du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour qu’il reconsidère sa décision de refus d’attribuer une fréquence nationale sur la TNT à la chaîne de télévision KTO, mais cette affaire relève de la compétence du CSA, à qui je transmets votre correspondance. » Le Chef adjoint du Cabinet de la Présidence de la République fait savoir que M. Jacques Chirac a pris également connaissance « avec attention » des préoccupations de « Nous voulons KTO » et qu’il les a signalées au ministre de la Culture et de la Communication. S’exprimant à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec les représentants des chaînes de télévision nationale et de la TNT, le chef de l’Etat a souhaité que la loi de 1986 sur l’audiovisuel soit modifiée « pour inscrire la lutte contre les discriminations et pour la cohésion sociale dans les objectifs, les missions et les obligations du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ». On est alors à moins d’un an du lancement de la campagne présidentielle de 2007… Lors d’un colloque de son parti consacré aux institutions et la proposition d’une VIème République, le président de l’UDF François Bayrou, qui soutient également KTO sur la TNT, s’est prononcé pour une réforme des autorités de contrôle, dont le CSA, « pour que leurs membres fassent l’objet d’un vote de confirmation du Parlement et qu’elles puissent être saisies directement par les citoyens ».

Devant cette vaste mobilisation, le président de KTO, Vincent Redier, dépose in extremis une requête devant le Conseil d’Etat. Quelques mois plus tard, le 21 septembre 2007, coup de théâtre (auquel on pouvait s’attendre) : suivant l’argumentation développée par Maître François-Henri Briard, le Conseil d’Etat annule la décision du CSA de juillet 2005 refusant à la chaîne chrétienne une fréquence sur la TNT. La décision du Conseil d’Etat est la suivante : « En déduisant du seul caractère confessionnel de la thématique proposée par la chaine KTO que ce service s’adressait nécessairement à un public restreint et ne pouvait donc, en toutes hypothèses, satisfaire un seul des critères de sélection entre candidats définis par la loi du 30 septembre 1986 modifiée, alors au surplus que celle-ci énonce non pas un seul critère, mais plusieurs, tirés notamment des articles 29 et 30 de cette loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a entaché sa décision d’erreur de droit ; que par suite KTO est fondée à demander l’annulation de la décision attaquée. »

Cette bonne nouvelle est alors saluée par le journal La Croix comme étant une « victoire morale » qui permet de faire jurisprudence pour les médias confessionnels : il n’est plus possible aujourd’hui d’affirmer qu’un média, étant confessionnel, vise un public restreint. Mieux encore : l’annulation par le Conseil d’Etat de la décision du CSA permet à KTO de demander aux sages un réexamen de sa candidature pour une fréquence TNT, et ceci même si tous les canaux sont déjà pris par d’autres opérateurs.

Premier abandon

En 2007, KTO annonce sur son site Internet qu’elle ne « visait plus la TNT pour le moment ». En effet, justifiant un ticket d’entrée très élevé pour la TNT (6 millions d’euros minimum), elle estime que « ce budget excède à lui seul l’ensemble du budget de KTO ». Pourtant, selon de nombreux experts de l’audiovisuel, une fréquence TNT sur les ondes nationales permettrait de multiplier considérablement la puissance des appels aux dons, comme le font de nombreux médias d’évangélisation à travers le monde. C’est notamment le cas de la chaîne Cançao Nova, au Brésil, qui bénéficie d’une fréquence nationale. En France, l’émission du Jour du Seigneur sur France 2 le dimanche matin, diffusée au moyen de la TNT, ne se prive pas non plus d’appels aux dons, avec de nombreuses retombées. Le fundraising est de fait le moyen le plus efficace pour les associations de se développer et l’on ne peut que se féliciter que KTO ait su changer son modèle économique en 2006 pour adopter ce dernier. On peut aussi raisonnablement considérer que ce n’est jamais l’argent qui est réellement un frein pour de tels projets. Le diocèse de Paris, de qui dépend KTO, n’a-t-il pas su récolter 50 millions d’euros auprès de grands donateurs pour la réhabilitation du Collège des Bernardins ?

Nouveaux frétillements

Plus récemment, la chaîne a fait réaliser une étude par des experts qui affirment que le préjudice subi par la décision du CSA privant jusqu’ici KTO d’une fréquence sur la TNT s’élèverait à 165 millions d’euros. KTO a donc saisi les juges pour demander à l’Etat de lui reverser cette somme, qui lui permettrait non seulement de s’offrir le ticket d’entrée sur la TNT, mais d’y se maintenir sans difficultés financières pendant environ douze ans si l’on tient compte de son budget actuel ! En toute logique, cette somme serait dédiée au financement d’une fréquence TNT, comme tous les dons reçu dans ce but. Cela éviterait aussi à la chaîne d’organiser une nouvelle levée de fonds pour tenter l’aventure de la TNT sur un temps plus court, ad experimentum.

Perspectives futures

Finalement, être sur la TNT répondrait à l’Evangile : « On allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le lampadaire, et elle éclaire toute la maison » (Mt 5,15). De la même façon, nous pourrions dire, on ne crée pas une chaîne de télévision catholique pour la mettre au 164e rang des chaînes de la Freebox, mais on la met sur la TNT, pour qu’elle inonde les toits de France de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu. Cet objectif mérite toute notre attention.

De plus, lorsqu’on regarde les crises médiatiques que l’Eglise subit, on ne peut qu’en être convaincu. Si KTO est bien candidate en 2012, arriver sur la TNT lui demandera aussi d’améliorer son management (la chaîne connaît un très lourd turnover) et de faire évoluer sa ligne éditoriale pour toucher un plus vaste public, à l’échelle nationale, sans oublier les non-cathos. Que ce soit KTO ou le Jour du Seigneur, il reste urgent de disposer d’une chaîne chrétienne sur les ondes de la TNT, pour l’annonce de l’Evangile.

(1) Marc Baudriller, Les réseaux cathos, Editions Robert Laffont, 2010 ; lire aussi Dieu et Internet, 40 questions pour mettre le feu au web, Editions des Béatitudes, octobre 2011.
(2) Paul VI, exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi sur l’évangélisation dans le monde moderne, §45

C’est la tournée sur RCF !

 

A l’occasion de la parution de mon livre Dieu et Internet j’ai participé ce matin à une nouvelle émission – spécialement dédiée – sur RCF-dans-toute-la-France. On peut dire que c’est la tournée !

Invité ainsi par Stéphanie Gallet dans son émission Le temps de le dire, j’ai pu bénéficier d’assez de temps pour dire tout ce que je voulais, ce qui est très appréciable en radio.

Les deux autres personnes en plateau, Nicolas Senèze pour La Croix.com et Gilles Boucomont (pasteur du temple du Marais à Paris) étaient aussi très agréables à cottoyer, la parole n’était pas difficile à prendre, l’atmosphère très amicale.

La programmation musicale était confiée à la webradio Spreading light, et son fondateur, Sylvain Gilardeau (interviewé dans mon livre, au passage) a pu s’exprimer au téléphone.

Un grand moment de bonheur partagé ! Alors un grand merci à Stéphanie, à RCF et les équipes techniques.

Rendez-vous le 11 novembre pour une autre émission, cette fois sur RCF Saint Martin, à Tours !

(Et toujours, sur Internet. Vous pouvez d’ailleurs ré-écouter l’émission de ce matin en cliquant ici – tout comme le sympathique tête à tête avec Pascale Michotte sur RCF Jéricho le 8 octobre dernier, au salon Religio.)