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Inquisitio : sexe, drogue et crime comme série de l’été sur France 2

A quelques heures de la diffusion sur France 2 du 1er épisode d’Inquisitio, saga familiale présentée comme une “série historique” sur l’Inquisition par les programmes télé, voici un premier petit billet pour se préparer psychologiquement. Accrochez vos ceintures de chasteté !

J’ai en effet eu l’extrême grande chance (euphémisme) de voir les quatre premiers épisodes, accompagné d’autres blogueurs/journalistes, histoire de trouver le temps moins long. En effet, Inquisitio mélange tous les ingrédients du pseudo-succès télévisuel (sexe, drogue, sang) au point de devenir un pot pourri qui ne la distingue pas des mauvais thrillers policiers américains : on s’ennuierait presque, et l’une d’entre nous est partie avant la fin pour cette raison ! Mais outre cet outrage à l’intelligence et au cinéma, il y a plus grave, pour une série diffusée à heure de grande affluence télévisuelle, le fameux « prime time » (20h40, deux millions de téléspectateurs au moins ?).

En effet, comment le commun des pauvres mortels (que nous sommes aussi) va-t-il percevoir cette série faussement « historique » ? De ce côté, Inquisitio est bien à en pleurer, comme l’a dit le porte parole de la Conférence des évêques de France, Mgr Podvin : « je pleure et m’indigne de songer qu’à l’audimat, beaucoup risque de se croire instruits par cette manière tendancieuse d’honorer l’histoire humaine et religieuse ».

Il faut bien dire que les évêques et le pape y sont dépeints comme libidineux, entourés de prostituées à demi-nues… Sainte Catherine de Sienne elle-même est une vieille bigote capable de tout, jusqu’à faire mourir des prêtres dévorés par les rats et déclencher une épidémie de peste pour punir les Avignonnais ! Ambiance. Son repaire est d’ailleurs lugubre… C’est vrai que Sainte Catherine en bio-terroriste, sentant le guacamol et craignant le GIGN avec un suspens insoutenable, il fallait y penser. Et on lui fait dire tranquillement, sans un regret, regardant l’évêque du lieu mourir à son tour dévoré par les rats : « J’ai fait alliance avec le démon pour la Gloire de Dieu ! ».

De toute façon, entendons-nous, dans Inquisitio, les prélats sont tous à moitié pervers, sadiques ou drogués à la mandragore fourguée par une sorcière (« Madeleine ») qui vit au fond de la forêt avec un loup apprivoisé. Ainsi l’un de ces cardinaux dit au Grand Inquisiteur (on se croirait dans un Vaudeville) : « quel dommage que tu l’aies laissé défendre son père, maintenant ils vont se tenir chaud sur le bûcher ! » ou encore « le mensonge n’est pas un pêché quand il sert les intérêts de Dieu ». Vilain machiavélique !

Comme vous le voyez, une série à vous donner envie de devenir scénariste : avec tous ces poncifs et ces scènes de torture, vous y arriverez très bien, et peut-être mieux encore au rayon comédie ! D’ailleurs certaines scènes portent à sourire comme ce baptême par la force avec demi-noyade ou cet appel au “jugement de l’eau” avec cette fois, vraie noyade (pour changer un peu). D’autres sont plus malsaines : enfant qui donne sa vie à Dieu en se crevant un œil (le futur inquisiteur, on entend tout) ou cette jeune et belle religieuse sortie de son couvent à la demande de Catherine de Sienne pour appâter un évêque ! Ou encre ce pauvre paysan torturé par le supplice de l’eau parce qu’il va voulu sauver sa femme sur le point de mourir en couche (on n’a plus soif)…

Bref, rien de très très grave, juste de quoi empêcher de dormir tout un couvent de Dominicains… D’ailleurs Catherine de Sienne n’était-elle pas Dominicaine ? Arrêtez-moi si je me trompe (façon de parler)…

On ne compte pas les répliques du Grand Inquisiteur Barnal qui soient totalement ridicules. Ainsi dit-il à l’évêque qui souffre : « Vous souffrez ? — Atrocement ! — Est-ce que vous remerciez le Seigneur tous les jours ? » (Comme si notre Dieu aimait la souffrance !). Ou à son aide de camp, Silas – pour donner un petit air de Da Vinci Code – coupable à ses yeux d’avoir regardé une jeune juive : « Attention, je ne devrais plus te faire confiance si cette femelle virginale avait déposé son poison dans ton âme… ». (On se marre, c’est une réplique culte !). Ou encore : « Accroître le savoir des hommes, c’est réduire le territoire de Dieu » en essayant de nous faire croire que la dissection existait déjà… entre 10.000 autres anachronismes (pour lesquels il faudrait un site Internet entier si nous voulions tous les relever). Et puis, ce dialogue surréaliste avec le petit Silas, à qui il lui demande un discernement alors qu’il n’est qu’un simple novice : « comment faire pour choisir entre les désirs de son coeur, et ce que Dieu veut ? », comme si Dieu s’opposait à nos désirs les plus profonds ! (Silas lui répond : « alors il ne faut pas choisir », et c’est ce qu’il va faire !).

Dommage aussi que l’acteur choisi (Vladislav Galard) pour jouer le rôle du Grand Pervers Affectif ait un petit air de français moyen faisant ses courses à Monoprix, avec cet œil de pirate mal fixé et un peu de bedaine. Dommage surtout qu’il n’arrête pas de parler aux Juifs en les appelant ainsi : « Juif ! » (c’est agaçant et pénible), quand on sait qu’en Avignon, à cet époque, on parlait des “Juifs du pape“. Attachez-vous cependant : il devient soit disant « attachant » à la fin (façon de parler, nous ne sommes pas encore sur le bûcher), après avoir été cet infâme sadique tortionnaire à la poursuite des saints de l’époque – mais les vrais, eux, hein, pas de blague !

Dommage encore qu’Olivier Rabourdin qui jouait le rôle du moine anxieux (à juste titre) dans Des hommes et des Dieux, ait des paroles blasphématoires à l’égard de la Sainte Vierge. (Sans doute que si Nicolas Cuche, élevé chez les Frères Maristes, était resté catholique, nous aurions évité cela).

Ne soyons pas dupes : si Inquisitio manque de rythme (L’Express), cette série n’en demeure pas moins particulièrement outrageante à l’égard de l’Eglise catholique. Un seul crime de l’Inquisition n’est pas excusable – Jean-Paul II a justement fait repentance en son temps – mais cet épisode tragique ne doit pas être un prétexte pour taper sur l’Eglise de façon généralisée, avec l’aide d’acteurs déguisés en nazis ou presque. Comme l’a dit Charles Vaugirard au micro de Radio Jéricho, on se croirait en effet pendant la Seconde guerre mondiale. (Sauf qu’il ne faudrait quand même pas banaliser cette dernière et l’holocauste, surtout en singeant ceux qui sont souvent venus en aide aux Juifs, cf Pie12.com). Mais bon, on n’est plus à ça près, et les évêques complotent contre les Juifs (voir cet extrait vidéo) en disant qu’un bûcher réchaufferait les coeurs (sic) et qu’il faut leur faire porter le chapeau.

Mais bon, vous l’aurez compris, la fiction est ici un prétexte à Nicolas Cuche, qui, pour se protéger, se défend bien auprès de l’AFP d’avoir cherché avec Inquisitio la stricte vérité historique… au profit d’une vraie liberté romanesque (sic). Oh la jolie petite manipulation de derrière les fagots  ! On nous refait le coup, là encore, du Da Vinci Code. France 2, qui se vante pourtant d’être une chaîne de “service public”, se paye donc le luxe, avec nos impôts s’il vous plaît, de diffuser une campagne anti-catholique à 10 millions d’euros. Beaucoup d’argent – un film aurait coûté moins cher – et du sensationnel, de l’émotion (avec de vrais violons en fond sonore), du sexe, de la drogue et du sang. Super ! Ah, j’oubliais : la chaîne vient de retirer de la vente un petit jeu en ligne – produit dérivé Inquisitio oblige – qui permettait de condamner (virtuellement, cela s’entend) ses amis et de les voir brûler vif sur le bûcher de l’Inquisition. Trop, c’est trop. Suite aux foudres de certains téléspectateurs, la chaîne a immédiatement censuré le dispositif arguant qu’elle ne pouvait accepter un tel jeu sur le service public ! Ouf, on y a échappé. Mais pas au reste, hélas… Et pour le beau, le vrai, le bien, il faudra repasser. En attendant, voici le laid, le faux et le très très méchant pervers sadique.

Attention cependant, si le ridicule ne tue pas sur France 2, cela pourrait revenir !

Ps : Si l’histoire ne sert plus à rien, puisqu’on s’en contre-fiche, à quoi bon faire une série noire sur cette période de l’Inquisition ? (Drôle de période pour cela, alors que le soleil brille…) ? Est-ce du bourrage de crâne digne des heures les plus sombres de notre histoire ou l’envie de claquer du fric en s’amusant ? Heureusement, face à un tel gaspillage de pixels, les cathos se sont pas restés inactifs, comme le raconte Pèlerin ici, avec la vraie-fausse bande-annonce d’Inquisitio, la page Facebook de Saturnin Napator (une autre réplique culte) et L’Inquisition pour les nuls !

Nouvelle évangélisation : gare aux mauvaises interprétations

« Affrontons la nouvelle évangélisation avec enthousiasme. Apprenons la joie douce et réconfortante de l’évangélisation », exhorte le document de travail officiel – l’“Instrumentum laboris” – du prochain synode des évêques dont l’enjeu central est “le retour de la question de Dieu dans la société”. Pour l’archevêque croate Mgr Nicola Eterovic, secrétaire général du synode, cette nouvelle évangélisation est un remède à la « solitude » et au « découragement », un appel à la « joie » chrétienne. C’est ce qu’il a expliqué lors de la présentation du document de travail officiel, comme nous le rapporte Zenit :

Du 7 au 28 octobre 2012, la XIIIème Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques se tiendra au Vatican sur le thème « La nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne ». Sous la conduite du Saint-Père Benoît XVI, Président du Synode des évêques, des représentants des évêques du monde entier, dans un climat de prière, de dialogue et de communion fraternelle, réfléchiront sur la transmission de la foi chrétienne. Il s’agit d’un des grands enjeux de l’Eglise qui sera approfondi dans le contexte de la nouvelle évangélisation. Par conséquent, les deux aspects du sujet du synode sont intimement unis et se complètent mutuellement. Le but de la nouvelle évangélisation est la transmission de la foi chrétienne. Le devoir qui nous presse de transmettre aux nouvelles générations l’Evangile de Jésus – sans interruption du processus de transmission de la foi – se déroule dans le contexte de la nouvelle évangélisation.

La réflexion synodale sera enrichie par le lien avec l’Année de la foi qui, selon la décision du Souverain Pontife, exprimée dans la Lettre apostolique sous la forme de motu proprio « Porta fidei », commencera le 11 octobre, au cours des Assises synodales, en commémoration du 50ème anniversaire du lancement du Concile œcuménique Vatican II et du 20ème anniversaire de la publication du Catéchisme de l’Eglise catholique.

L’Instrumentum Laboris, ordre du jour des Assises synodales, représente une étape importante dans la préparation des travaux synodaux. C’est le résultat des réponses aux Lineamenta, document de réflexion sur le thème de l’Assemblée synodale qui, publié le 2 février 2011 en la fête de la Présentation du Seigneur, a été envoyé aux 13 synodes des évêques des Eglises orientales catholiques sui iuris, aux 114 conférences épiscopales, aux 26 dicastères de la Curie romaine et à l’Union des Supérieurs généraux. (…)

Nous voyons bien ici que ce synode s’inscrit dans la tradition de l’Eglise – au sens large – c’est-à-dire dans l’évolution de son Magistère et les différents évènements et discussions qui jalonnent son histoire, avec l’aide de ses pasteurs au premier rang desquels se trouve le pape.

Evoluant sous la conduite de l’Esprit Saint, cette tradition est vivante et ne peut s’arrêter à un moment donné. Le concile Vatican II – et sa « relecture », dans une herméneutique(1) de continuité avec la longue tradition de l’Eglise, n’est pas le seul « point d’ancrage » de cette nouvelle évangélisation, contrairement à ce qu’ont pu affirmer certains commentateurs (2). En effet, il ne s’agit pas de “sur interpréter” ou de “sous interpréter” Vatican II, mais de laisser l’Esprit Saint nous guider pour renouveler notre mission première, aujourd’hui, dans nos vies comme dans nos diverses missions, tout en prenant en compte les derniers ajustements qui donnent notamment une plus grande place aux laïcs dans la mission universelle de l’Eglise.

Ce nouveau synode se situe d’ailleurs dans le sillage de celui de 1974, comme a pu le rappeler Mgr Eterovic, soit bien après Vatican II, et l’exhortation apostolique qui en avait découlé est encore aujourd’hui loin d’être assimilée, notamment en ce qui concerne la question de la nécessité d’une annonce explicite (au paragraphe 22). A nous, également, de s’approprier ces textes pour féconder notre évangélisation.

Bref, si la nouvelle évangélisation peut être comprise comme « Vatican II en marche », le véritable point d’ancrage de la nouvelle évangélisation est en réalité l’Esprit Saint, 1er protagoniste de toute évangélisation, dixit Paul VI dans Evangelii nuntiandi. C’est en effet Lui qui a soufflé ce concept, cet appel pour une nouvelle évangélisation, à Jean-Paul II. Ce dernier l’a précisée comme étant « nouvelle dans ses méthodes, dans son ardeur et dans son expression ». Et sans l’Esprit Saint, cette nouvelle évangélisation ne pourrait être nouvelle, ni dans ses méthodes, ni dans son zèle, ni dans ses langages.

Vatican II a bien dit que l’Eglise est le plus court chemin vers Dieu pour l’homme moderne. Il n’en demeure pas moins que cette proximité entre l’Eglise et les hommes de notre temps ne peut se faire sans l’abandon de certaines vues de l’esprit, mentalités ou idéologies. Ceux-ci sont de véritables freins à l’évangélisation.

Nous pouvons particulièrement noter le relativisme qui nous laisse à penser que puisque nous serons tous sauvés, proposer explicitement aux autres le bonheur de vivre dès aujourd’hui avec le Christ est inutile. Mais également l’immobilisme, qui conduit à ne rien rénover et le cléricalisme, qui discrédite l’action des laïcs, ou encore le sécularisme, qui nous plonge encore parfois dans l’enfouissement. Sans oublier l’activisme, qui nous oblige à faire feu de tout bois sans pour autant mettre le feu quelque part, ou le fonctionnalisme, qui conduit à une logique de pouvoir où l’action évangélisatrice est cadenassée, étouffée par ceux qui pourraient au contraire aider à voir naître de nouvelles initiatives. Nous pourrions enfin citer le manque de charité, d’amour, entre chrétiens, qui atteint parfois, hélas, notre unité.

Pour faire sauter ces verrous, c’est finalement notre ancrage en la personne Christ, par la prière et l’Eucharistie, qui prévaudra. Comme le disait en décembre 2011 le prédicateur de la maison pontificale, le Père Raniro Cantalamessa, il faut « un grand acte de foi et d’espérance pour une nouvelle évangélisation ». Ce pourquoi succédera d’ailleurs au synode une « Année de la foi », que nous attendons tous avec impatience.

(1) l’herméneutique est, en théologie, l’interprétation des textes
(2) Ainsi Isabelle de Gaulmyn dans cet article de La Croix

 

Lunettes connectées de Google : une révolution ?

On les attendait avec impatience, ces lunettes dignes de Terminator ou des pilotes de F16. Et voici que Google a levé en partie le voile, jeudi 5 avril, sur ce nouveau gadget en réalité augmentée, cette surcouche d’informations sur ce que l’on voit. Pardon, vous parlez d’un gadget ?

La vidéo de démonstration ci-dessus achèvera de vous convaincre de l’utilité réelle d’un tel outil qui n’est pas (encore) commercialisé. Sachant qu’un prototype de lentilles de contact serait aussi encore cours de développement ! On aime : le petit morceau de guitare depuis un toit, pour émouvoir sa dulcinée… On aime moins : le poids de la monture, qu’il faudra sans doute alléger, l’autonomie de l’appareil, qu’il faudra rapidement rallonger si l’on veut pouvoir l’utiliser H24. Un peu surréaliste : les plans des librairies ! A tester : la reconnaissance vocale dans une rame de métro…

Google a drôlement planché sur le sujet. Depuis son application Google Goggles, qui permet de reconnaître bâtiments et oeuvres d’art prises en photo avec un téléphone portable, les ingénieurs de la firme Mountain View en voient de toutes les couleurs pour nous donner à voir différemment. Rappelons aussi que le géant du web a racheté 2010 Plink, une société spécialisée dans la reconnaissance d’images, lui permettant sans doute d’être au top des dernières technos en la matière.

Avec les flashs codes que l’on voit se reproduire sur de plus en plus de pubs et de flyers, il faut bien dire que nous sommes désormais loin de la simple reconnaissance de caractères comme celle que nous avons sur nos (vieux ?) scanners.

Quant au prix de ces nouvelles lunettes à faire pâlir d’envie Alain Afflelou, nul doute qu’il sera loin d’être abordable, mais nous en reparlerons. Ces lunettes nous aideront-elles à mieux comprendre le monde qui nous entoure, à mieux communiquer entre nous ? Comme toute technique, cela dépendra de l’utilisation qui en sera faite. Permettront-elles aussi un peu de transcendance dans ce monde à l’horizontal ?

Si l’on voit, par exemple, les horaires des messes ou des confessions s’afficher lorsqu’on passe devant une église un jeudi saint, nul doute que Jésus redeviendra premier dans la vie de nombreuses personnes !

En tout cas, espérons qu’avec ces lunettes ‘connectées’, nous ne perdrons pas pied dans la réalité augmentée.

« C’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur »

C’est aujourd’hui l’anniversaire de la mort de Jean-Paul II, aussi je voudrais lui dédier ce billet avec un extrait du discours qu’il a prononcé lors de la veillée des JMJ de Rome, à Tor Vergata, dont certains ici se souviennent sûrement ! C’était le samedi 19 août 2000, par une belle nuit d’été. Pour ma part, ce texte reste d’anthologie, lors d’un moment fort de mon existence. Je me souviens d’un Jean-Paul II en osmose avec nous, agitant les bras en cadence avec nos chants, et nous pouvions comme dialoguer avec lui…

Au delà de l’émotion que cet événement suscite encore en moi (ramenant de nombreux autres souvenirs !), je vois dans ces paroles  un testament laissé aux jeunes chrétiens que nous étions et aux adultes engagés que nous sommes depuis devenus. A ce titre, il est bon d’y revenir. Le pape parle en particulier d’une question fondamentale, celle que pose justement Jésus à ses disciples : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » (Mt 16,15)

Extrait :

Ce soir, je vais vous remettre l’Évangile. C’est le don que le Pape vous fait en cette veillée inoubliable. La parole qu’il contient est la parole de Jésus. Si vous l’écoutez en silence, dans la prière, en vous faisant aider par les sages conseils de vos prêtres et de vos éducateurs, afin de la comprendre pour votre vie, vous rencontrerez le Christ et vous le suivrez, engageant jour après jour votre vie pour lui !
En réalité, c’est Jésus que vous cherchez quand vous rêvez de bonheur; c’est lui qui vous attend quand rien de ce que vous trouvez ne vous satisfait; c’est lui, la beauté qui vous attire tellement; c’est lui qui vous provoque par la soif de radicalité qui vous empêche de vous habituer aux compromis; c’est lui qui vous pousse à faire tomber les masques qui faussent la vie; c’est lui qui lit dans vos cœurs les décisions les plus profondes que d’autres voudraient étouffer. C’est Jésus qui suscite en vous le désir de faire de votre vie quelque chose de grand, la volonté de suivre un idéal, le refus de vous laisser envahir par la médiocrité, le courage de vous engager avec humilité et persévérance pour vous rendre meilleurs, pour améliorer la société, en la rendant plus humaine et plus fraternelle.

Texte intégral : sur le site du Vatican

Hommage au catholique Abel Chennouf

 


Homélie du P. Christian Venard, aumônier catholique du 17e RGP (Régiment du Génie Parachutiste), pour l’inhumation du caporal Abel Chennouf, assassiné à Montauban, au cimetière de Manduel.

« Abel, mon camarade parachutiste, mon frère, voilà une semaine, jour pour jour et presque heure pour heure, je tenais ta main, encore chaude de la vie que venait de te prendre un assassin. Je tenais ta main en priant pour toi, en pensant à ta maman et en te confiant à notre Maman du Ciel, la Vierge Marie.

Je ne connaissais pas encore Caroline, mais si tel avait été le cas, je t’aurais aussi parlé pour elle et pour ce petit bébé que vous attendez. Puis je me suis penché sur ton camarade Mohamed Legouad qu’essayaient de maintenir en vie les remarquables équipes d’urgentistes. Enfin, j’ai assisté au départ vers l’hôpital de Loïc Liber, qui à cette heure même se bat, entouré de son papa et de sa maman, pour rester en vie. Que de souffrances. Que d’incompréhensions. Mais aussi que de solidarité, de soutien, d’hommages et, pour nous chrétiens, de foi (comme le rappelait hier l’évêque aux armées en la cathédrale de Montauban) et d’espérance, malgré tout !

Il y a deux mille sept cents ans, à Rome, au cœur même du forum, symbole et centre de la vie de la cité, un gouffre s’ouvrit. L’oracle consulté livra cette réponse : pour combler ce gouffre, Rome devait y engloutir ce qu’elle avait de plus précieux. Chacun s’interrogeait encore sur ce qui pouvait être de plus précieux, quand un jeune cavalier, un jeune homme armée, Curtius, se jeta avec son cheval dans le gouffre qui se referma aussitôt. Oui, ce que Rome avait de plus précieux était un jeune militaire défenseur de la cité.

Le criminel terroriste qui a mené ces actions dans lesquelles tu as perdu la vie, Abel, a tenté d’ouvrir un gouffre. Le prix à payer pour le combler est bien sûr infiniment trop lourd ; mais mon ami Abel, tu es devenu, comme Curtius, symbole de ce que notre pays, la France, possède de plus précieux. Et désormais, c’est ainsi que tu nous apparaît : jeune caporal parachutiste, mort pour la France, dans un attentat terroriste qui voulait mettre à bas notre patrie.

Abel, je veux aller encore plus loin. C’est parce que tu portais l’uniforme français, parce que tu étais fier de ton béret rouge, que ce criminel t’a visé. Ce que ce meurtrier ne pouvait savoir c’est aussi tout ce que tu représentes aujourd’hui pour notre Patrie. Issue d’une famille à la fois alsacienne (avec tout ce que cette région fait ressortir en notre pays des souffrances liées aux deux conflits mondiaux) et kabyle (et comment ne pas évoquer ici les douloureux événements d’Algérie), ta famille choisit la France avec (et je reprends les mots mêmes de ton cher papa), avec toutes ses traditions, y compris ses racines les plus profondes, qui sont chrétiennes. Comment ne pas voir, mon ami Abel, dans une telle accumulation de symboles, ce que nous avons de plus précieux cette capacité que possède notre Patrie française de prendre en son sein, tous ceux qui veulent devenir ses fils.

Au moment où nous allons te porter en terre, dans cette terre pétrie des ossements de nos pères (c’est cela la patrie aussi), Abel, avec toute ta famille, tes amis, tes camarades parachutistes, je te fais le serment que nous soutiendrons Caroline et ton enfant. Que nous resterons présent auprès des tiens. Désormais c’est à Dieu que nous te confions, au travers des rites catholiques qui accompagnent nos défunts. Nous savons que tu es vivant auprès du Père. Tu as rejoint Jésus, ce Dieu fait homme, cet innocent mort à cause de la méchanceté et la violence qui habitent trop souvent le cœur des hommes. Ton sacrifice se trouve comme enveloppé dans celui du Christ Jésus. En te retrouvant jeudi dernier, gisant sur le sol montalbanais, en prenant ta main et en voyant couler de tes blessures ce sang si rouge et si pur, je confiais au Seigneur de la Vie, cette vie qui s’écoulait de toi. Et si aucune larme ne sortait de mes yeux, comme tant de tes camarades, c’est mon cœur qui pleurait sur toute violence faite aux innocents sur cette pauvre terre. Et c’est à l’Innocent qui a versé son sang pour nous réconcilier avec son Père, qui a versé son propre sang en rançon pour toutes les violences, que je confiais ta belle âme.

Abel, français d’origine alsacienne et kabyle, catholique par choix, parachutiste au service de la France, que notre grand saint patron, que l’archange Saint Michel t’accueille et te fasse entrer au sein du Père, avec le Fils et le Saint-Esprit. Amen. »

KTO sur la TNT : c’est encore possible !

KTO sera très probablement candidate pour le prochain appel de candidatures à l’obtention d’une fréquence pour la Télévision Numérique Terrestre (TNT). La ‘télévision catholique’ tenue par le diocèse de Paris pourrait officialiser sa candidature fin 2011, début 2012. Six nouvelles fréquences seront attribuées et KTO a toutes ses chances d’obtenir une place dans le saint des saints du PAF. Retour en détails sur une bataille qui ne fait que commencer pour l’évangélisation par les ondes.

En octobre dernier, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a lancé un appel à candidatures pour six nouvelles chaînes gratuites de la TNT. Les candidats doivent déposer leur dossier au plus tard le 3 janvier prochain et seront audités entre le 5 et le 9 mars 2012. Les autorisations seront délivrées en mai et les chaînes auront accès au saint des saints médiatique (les ondes nationales) en automne. « C’est un beau cadeau pour les téléspectateurssoulignait récemment Le Figaro, mais c’est un casse-tête dangereux pour le marché de la télévision. Avec 25 chaînes gratuites au lieu de 18 aujourd’hui, c’est l’ensemble du paysage qui sera, une nouvelle fois, bouleversé. Le ministère de la Culture ne s’y trompe pas. Pour limiter les dégâts, il préconise la création de chaînes thématiques aux économies plus modestes que celles de mini-généralistes qui auraient besoin de ponctionner lourdement le marché publicitaire pour vivre ». Or si la crise a vu en effet l’érosion des recettes publicitaires, ce qui n’aide pas les chaînes généralistes ou mini-généralistes, KTO est une chaîne thématique qui ne vit pas de publicité, mais de dons, ce qui lui donne beaucoup d’espoir.

De plus, La Tribune révélait hier que Nicolas Sarkozy a annoncé vendredi dernier aux sages du CSA que le groupe France Télévision ne prendrait aucune nouvelle fréquence, avortant dans l’œuf le projet de passer France 5 en Haute Définition et celui de créer une chaîne pour les jeunes (Médiamétrie avait révélé que les chaînes publiques n’ont glané ‘que’ 15% de part d’audience sur les enfants durant la période avril à juin 2011). Ainsi le Président de la République donne une chance supplémentaire aux chaînes thématiques comme KTO.

La TNT, un succès en demi-teinte… qui sert KTO

Hier soir, trois chaînes de la TNT sont passées au dessus du million de téléspectateurs : W9, TMC et France 5, chacune pour la diffusion d’un film. Techniquement, la TNT est un succès : selon une étude du CSA du 5 décembre 2011, 97,6 % des foyers sont désormais connectés à la TNT, qui demeure le premier mode de réception de la télévision numérique devant la réception par ADSL (27,5 % des foyers y sont connectés), la réception par câble numérique (8,5 %), ou le satellite numérique (22,8 %). « Les grandes chaînes historiques, privées comme publiques, telles que TF1M6 et celles de France Télévisions ont vu leur audience s’éroder en six ans sous le poids de la concurrence des petites chaînes de la TNT qui ont ravi au total 23,6% de part d’audience », rappelait récemment encore Le Figaro. De plus, les petites chaînes gratuites de la TNT font également perdre l’attrait des bouquets satellites comme TPS. Les offres payantes sont en perte de vitesse : plus il y a de chaînes gratuites, estime un expert, moins il y a de raisons de s’abonner à une offre payante. Et là encore, comme la Bonne Nouvelle, KTO est gratuite. Elle apporte un supplément éthique quand la technique ne suffit pas à faire le succès d’une chaîne.

Au niveau de l’offre de contenus, la TNT a justement beaucoup de progrès à faire. Elle donne la part belle aux chaînes d’infos, aux chaînes musicales ou aux séries américaines recyclées. Le célèbre Club Averroes, qui regroupe 350 professionnels des médias, ne s’y trompe pas : dans son rapport 2010, il épingle justement la TNT pour « l’inertie de l’ensemble des grilles de programmes en matière de diversité à l’antenne ».

Le rôle du CSA

Le CSA décide du nombre de fréquences payantes ou gratuites sur la TNT selon la mission que lui assigne le législateur, que l’on peut définir ainsi : « maintenir des conditions d’une libre concurrence entre les grands opérateurs de l’audiovisuel ». Sauf exception, les petites chaînes n’ont pas voix au chapitre, ce qui est dommageable pour la diversité dans nos médias.

L’obtention d’une fréquence sur la TNT est aussi une décision politique à laquelle est associée le Premier ministre, de qui dépend la Direction des médias. D’habitude, le CSA préfère réserver une partie des fréquences de la TNT aux chaînes de sport, qui, avec la haute définition (HD), demandent plus de ressources que les chaînes classiques, notamment pour le football. Mais cette fois, le Président du CSA, Michel Boyon, appelle à « l’innovation et à la créativité des projets proposés ». Pour lui, « accorder des fréquences à des chaînes ressemblant trop à des chaînes existantes ne correspondrait ni à l’intérêt du public ni à l’évolution prévisible du marché publicitaire ». Or la chaîne KTO pourrait justement apporter « un autre son de cloche » dans une offre audiovisuelle uniforme.

De l’autre côté, les intérêts des grands opérateurs

En 2004 a été créé le HD Forum, association regroupant les professionnels de la diffusion, des constructeurs de récepteurs TV, mais aussi des grands opérateurs comme TF1, M6 ou TPS. Son but est de « promouvoir la télévision Haute Définition auprès des professionnels et du monde institutionnel ». Une commission « communication et marchés », dont le Président n’est autre que Christian de Pennart, actuel directeur général de KTO, a plus précisément pour but de « préparer des actions de communication » auprès des professionnels et du pouvoir politique. Entendre : du lobbying. Sont ainsi organisées des rencontres avec des membres du gouvernement pour favoriser l’émergence de la Haute Définition au profit des grands opérateurs. Ainsi, étaient présentes à la dernière rencontre de nombreuses personnalités comme Frédéric Mitterrand (Ministre de la Culture et de la Communication), Eric Besson (Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie) ou Rémy Pflimlin (PDG de France Télévisions).

La proposition de KTO

Loin du consumérisme mercantile, la proposition de KTO est d’offrir une vision spirituelle de la vie, des réponses, des repères à la lumière des valeurs de l’Evangile ; celles la même qui ont fait la France et l’Europe. Personne ne remplit cette mission à large échelle, alors même que de plus en plus de personnes cherchent à donner un sens à leurs vies. KTO a un caractère de service public et de service de l’intérêt général, joué par l’Eglise, ce qui rend légitime à lui seul une place sur TNT nationale. En allant sur la TNT, l’Eglise, ‘experte en humanité’ (Paul VI), veut continuer de jouer sur les ondes le rôle qu’elle joue dans la Cité, celle d’une petite lumière qui reste allumée nuit et jour. Une Eglise qui accueille (Secours catholique, etc.), qui apaise, écoute (confessions, funérailles), qui sert de médiateur (Immeubles en fête, etc.), qui éduque (écoles, préparation au mariage), qui fait grandir l’Homme pour son développement intégral (cf Benoît XVI, Caritas in veritate).

Pourquoi la TNT ?

Les bientôt 25 chaînes sur les ondes nationales resteront mille fois plus accessibles pour les Français que les milliers de chaînes ADSL, dont la plupart restent de simples tvs sur Internet, un modèle qui ne peut fonctionner en tant que tel sans la puissance du mass media. Aujourd’hui, quand on parle de Gulli, de W9, de BFM TV, ces chaines sont plus connues et ont plus de chance d’être vues par quiconque que ‘National Geographic’, ‘CCCV’, ‘RFM TV’ ou ‘Météo Channel’. Un peu comme on repère plus facilement une église dans n’importe quel village ou ville que le Temple Céleste des Archanges du 9ème jour ! Dans son exhortation sur l’évangélisation dans le monde moderne, au paragraphe consacrés aux mass media, Paul VI disait que « l’Eglise se sentirait coupable » s’il elle n’y allait pas (2). KTO est donc une réponse à cet appel de l’Eglise universelle.

« Nous voulons KTO sur la Télévision Numérique pour Tous » : bref historique

Bénéficier d’une chaîne catholique comme KTO sur les ondes de la TNT nationale est justement l’intuition géniale de son fondateur, le cardinal Jean-Marie Lustiger. Le 20 juin 2002, présentant une première fois la candidature de KTO, il se déplaçait lui-même devant les sages du CSA et leur déclarait : « Je sais que c’est un peu fou, mais j’ai l’habitude des folies qui réussissent, et je crois celle-ci nécessaire, non seulement pour le paysage télévisuel, mais aussi pour la culture française » (lire l’intégralité de sa plaidoirie toujours en ligne sur le site du CSA). KTO essuie un premier refus, mais le cardinal ne se décourage pas. Suite à l’annulation par le Conseil d’Etat des autorisations d’émettre de six chaînes de la TNT appartenant au groupe Canal+ (I-Télé, Sport+, Planète, Ciné-Cinéma Premier, Canal J et iMCM) à la suite d’une requête du groupe TF1, le CSA annonce le lancement d’un nouvel appel à candidatures afin d’attribuer les fréquences ainsi libérées. L’appel est lancé en mars 2004, KTO est à nouveau sur les rangs.

Le CSA refuse à nouveau. Sauf qu’intervient un petit évènement. Comme l’a déjà raconté le journaliste Marc Baudriller dans son livre Les réseaux cathos (1), je décide de lancer une pétition sur Internet, qui s’appellera « Nous voulons KTO », avec l’accord du directeur général de KTO de l’époque, Damien Dufour. Très vite, grâce à de nombreuses retombées médiatiques jusque dans les médias nationaux, ma pétition recueille 150.000 signatures et le soutien de nombreuses personnalités. On m’écrit depuis les ministères… Un peu plus tard, le CSA motive sa décision : « en raison de sa thématique confessionnelle, KTO vise un public restreint », ce qui donne un nouvel élan à la campagne.

Sur le front politique, un lobbying est alors lancé : une soixantaine de parlementaires, y compris d’anciens ministres, soutiennent bientôt l’initiative. Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et des cultes, est sollicité. François Fillon assure alors au créateur de la campagne que le dossier « est en cours de traitement au cabinet du ministre ». La réponse ne se fait pas attendre. Dans une réponse adressée le 13 décembre 2005 au sénateur Hubert Haenel, Nicolas Sarkozy écrit en substance : « j’ai pris bonne note de la demande de M. Jean-Baptiste Maillard d’intervenir auprès du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel pour qu’il reconsidère sa décision de refus d’attribuer une fréquence nationale sur la TNT à la chaîne de télévision KTO, mais cette affaire relève de la compétence du CSA, à qui je transmets votre correspondance. » Le Chef adjoint du Cabinet de la Présidence de la République fait savoir que M. Jacques Chirac a pris également connaissance « avec attention » des préoccupations de « Nous voulons KTO » et qu’il les a signalées au ministre de la Culture et de la Communication. S’exprimant à l’issue d’une réunion à l’Elysée avec les représentants des chaînes de télévision nationale et de la TNT, le chef de l’Etat a souhaité que la loi de 1986 sur l’audiovisuel soit modifiée « pour inscrire la lutte contre les discriminations et pour la cohésion sociale dans les objectifs, les missions et les obligations du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ». On est alors à moins d’un an du lancement de la campagne présidentielle de 2007… Lors d’un colloque de son parti consacré aux institutions et la proposition d’une VIème République, le président de l’UDF François Bayrou, qui soutient également KTO sur la TNT, s’est prononcé pour une réforme des autorités de contrôle, dont le CSA, « pour que leurs membres fassent l’objet d’un vote de confirmation du Parlement et qu’elles puissent être saisies directement par les citoyens ».

Devant cette vaste mobilisation, le président de KTO, Vincent Redier, dépose in extremis une requête devant le Conseil d’Etat. Quelques mois plus tard, le 21 septembre 2007, coup de théâtre (auquel on pouvait s’attendre) : suivant l’argumentation développée par Maître François-Henri Briard, le Conseil d’Etat annule la décision du CSA de juillet 2005 refusant à la chaîne chrétienne une fréquence sur la TNT. La décision du Conseil d’Etat est la suivante : « En déduisant du seul caractère confessionnel de la thématique proposée par la chaine KTO que ce service s’adressait nécessairement à un public restreint et ne pouvait donc, en toutes hypothèses, satisfaire un seul des critères de sélection entre candidats définis par la loi du 30 septembre 1986 modifiée, alors au surplus que celle-ci énonce non pas un seul critère, mais plusieurs, tirés notamment des articles 29 et 30 de cette loi, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a entaché sa décision d’erreur de droit ; que par suite KTO est fondée à demander l’annulation de la décision attaquée. »

Cette bonne nouvelle est alors saluée par le journal La Croix comme étant une « victoire morale » qui permet de faire jurisprudence pour les médias confessionnels : il n’est plus possible aujourd’hui d’affirmer qu’un média, étant confessionnel, vise un public restreint. Mieux encore : l’annulation par le Conseil d’Etat de la décision du CSA permet à KTO de demander aux sages un réexamen de sa candidature pour une fréquence TNT, et ceci même si tous les canaux sont déjà pris par d’autres opérateurs.

Premier abandon

En 2007, KTO annonce sur son site Internet qu’elle ne « visait plus la TNT pour le moment ». En effet, justifiant un ticket d’entrée très élevé pour la TNT (6 millions d’euros minimum), elle estime que « ce budget excède à lui seul l’ensemble du budget de KTO ». Pourtant, selon de nombreux experts de l’audiovisuel, une fréquence TNT sur les ondes nationales permettrait de multiplier considérablement la puissance des appels aux dons, comme le font de nombreux médias d’évangélisation à travers le monde. C’est notamment le cas de la chaîne Cançao Nova, au Brésil, qui bénéficie d’une fréquence nationale. En France, l’émission du Jour du Seigneur sur France 2 le dimanche matin, diffusée au moyen de la TNT, ne se prive pas non plus d’appels aux dons, avec de nombreuses retombées. Le fundraising est de fait le moyen le plus efficace pour les associations de se développer et l’on ne peut que se féliciter que KTO ait su changer son modèle économique en 2006 pour adopter ce dernier. On peut aussi raisonnablement considérer que ce n’est jamais l’argent qui est réellement un frein pour de tels projets. Le diocèse de Paris, de qui dépend KTO, n’a-t-il pas su récolter 50 millions d’euros auprès de grands donateurs pour la réhabilitation du Collège des Bernardins ?

Nouveaux frétillements

Plus récemment, la chaîne a fait réaliser une étude par des experts qui affirment que le préjudice subi par la décision du CSA privant jusqu’ici KTO d’une fréquence sur la TNT s’élèverait à 165 millions d’euros. KTO a donc saisi les juges pour demander à l’Etat de lui reverser cette somme, qui lui permettrait non seulement de s’offrir le ticket d’entrée sur la TNT, mais d’y se maintenir sans difficultés financières pendant environ douze ans si l’on tient compte de son budget actuel ! En toute logique, cette somme serait dédiée au financement d’une fréquence TNT, comme tous les dons reçu dans ce but. Cela éviterait aussi à la chaîne d’organiser une nouvelle levée de fonds pour tenter l’aventure de la TNT sur un temps plus court, ad experimentum.

Perspectives futures

Finalement, être sur la TNT répondrait à l’Evangile : « On allume pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais sur le lampadaire, et elle éclaire toute la maison » (Mt 5,15). De la même façon, nous pourrions dire, on ne crée pas une chaîne de télévision catholique pour la mettre au 164e rang des chaînes de la Freebox, mais on la met sur la TNT, pour qu’elle inonde les toits de France de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu. Cet objectif mérite toute notre attention.

De plus, lorsqu’on regarde les crises médiatiques que l’Eglise subit, on ne peut qu’en être convaincu. Si KTO est bien candidate en 2012, arriver sur la TNT lui demandera aussi d’améliorer son management (la chaîne connaît un très lourd turnover) et de faire évoluer sa ligne éditoriale pour toucher un plus vaste public, à l’échelle nationale, sans oublier les non-cathos. Que ce soit KTO ou le Jour du Seigneur, il reste urgent de disposer d’une chaîne chrétienne sur les ondes de la TNT, pour l’annonce de l’Evangile.

(1) Marc Baudriller, Les réseaux cathos, Editions Robert Laffont, 2010 ; lire aussi Dieu et Internet, 40 questions pour mettre le feu au web, Editions des Béatitudes, octobre 2011.
(2) Paul VI, exhortation apostolique Evangelii Nuntiandi sur l’évangélisation dans le monde moderne, §45

Intouchables : une magistrale leçon d’humanité

 

Hier soir, je suis allé voir Intouchables au cinéma. C’est une petite merveille d’une heure 50, qui explique à elle seule son succès. A peine deux semaines après sa sortie en salle, 5,3 millions de spectateurs sont déjà allés la voir, et la fréquentation est en hausse de 45 % ! A titre de comparaison, Des hommes et des Dieux avait réalisé dans le même temps 950.000 d’entrées en 2010. Intouchables s’invite même sur le podium du box-office 2011, devant le Tintin de Spielberg, juste derrière Rien à déclarer et Harry Potter. Selon Allociné, cela est dû en premier lieu à bouche-à-oreille incroyablement performant. Bonne nouvelle pour le film : selon un sondage Ifop pour Radio Alouette, 68% des spectateurs comptent le revoir.

Loin des super-productions américaines du moment (Immortels, le Chat potté, Contagion), des thrillers aux sujets vus et revus (La casse de Central Park, Time out), des histoires de voyous aux excès en tout genre (Les Lyonnais, Rhum express) ou des comédies made in France aux thèmes déjà usés jusqu’à la corde (L’art d’aimer, Mon pire cauchemar, On ne choisit pas sa famille), c’est une bouffée d’air frais dans une période troublée, un remonte-moral qui donne du baume au cœur, et pour tout dire, beaucoup d’espoir pour les personnes qui vivent des situations difficiles, quelque soit leur milieu.

Le scénario – adapté d’une histoire vraie – est celui d’une rencontre providentielle entre Philippe, une personne tétraplégique à la suite d’un accident (François Cluzet, aussi riche de ses faiblesses que de son compte en banque) et Driss (Omar Sy) jeune des banlieues, pour qui la mère adoptive dit avoir « beaucoup prié ». Vœu exaucé par Dieu ? Ce dernier a été choisi comme aide-soignant par le riche aristocrate, non pas en fonction de son expérience (il n’a pas de diplôme et on découvrira plus tard qu’il sort de prison !) mais parce que l’entretien d’embauche – une scène culte – vire au burlesque totalement désopilant. Le film rappelle d’ailleurs une autre rencontre, celle d’un orthophoniste anticonformiste et du futur roi d’Angleterre atteint de bégaiement, à la veille de la Seconde Guerre mondiale (Le discours d’un roi), le tragique et le solennel en moins.

Dans Intouchables, le ton est décomplexé, les spectateurs rient beaucoup. Pas de gags de bas étages ou de pitié mal placée – ce qu’ont voulu à tout prix éviter les réalisateurs – mais des plaisanteries saines et inattendues, dans des scènes qui s’enchaînent en laissant à peine le temps de respirer. Touchant de simplicité, l’aide-soignant provoque des comiques de situation qui resteront d’anthologie. Comme cette sortie à l’opéra où il s’exclame à haute voix, amusé et dubitatif : « Un arbre qui chante ! C’est quoi ce délire ? ». La présence d’un jeune de banlieue campant dans un bel hôtel particulier parisien habité par un homme à l’âme de poète, amateur d’art, accentue encore l’effet décalé.

Pour Patrick Pelègre, docteur en sociologie, « le film montre qu’un passage peut être trouvé au-delà de l’impasse, ici celle du handicap ou de la position sociale. Les gens ont besoin de respirer, de trouver de l’espace. »

Emmanuel Bon, secrétaire général de l’Association des paralysés de France, ne s’y trompe pas : « c’est le regard de l’autre, celui qui entre l’aidant et l’aidé, qui se dégage du film. Une manière positive de considérer l’autre en tant que personnes. »

Charles Gardou, anthropologue spécialisé dans les situations de handicap et professeur à l’université de Lyon II, trouve quant à lui que le film « rapproche, par la fragilité, deux mondes qui s’ignorent dans une société qui scinde ; il nous fait rire de bon cœur en posant la réalité du handicap dans la pitié écrasante qui empêche l’autre d’exister, il fait une très belle distinction entre vivre et exister ».

5% des bénéfices du film iront d’ailleurs à l’association Simon de Cyrène, qui encourage la cohabitation résidentielle entre personnes handicapées et valides (son président d’honneur n’est autre que Philippe Pozzo di Borgo, celui qui a vécu cette histoire). Le fondateur de cette association, Laurent de Cherisey, catholique convaincu, a déclaré à l’AFP : « Ce film est une force de vie qui irradie la France et un beau remède contre la crise ! Il touche à l’essentiel : la relation à l’autre dans nos fragilités. Il met en lumière le paradoxe entre une société où il faut être performant et notre fragilité individuelle et collective, économique, sociale, psychique. C’est dans nos fragilités et nos failles que nous sommes féconds, lorsque nous osons conjuguer les différences en dépassant nos peurs ».

Pour Arnaud de Bosca, secrétaire général de la Fédération des accidentés de la vie (Fnath), Intouchables est avant tout une « très bonne comédie qui traite d’un sujet avec avec beaucoup d’humanité et qui a le mérite de sensibiliser le public à la question du handicap en suscitant de l’espoir. C’est aussi la rencontre entre deux milieux totalement différents et deux formes de discrimination, un film qui montre comment on peut redonner le goût de vivre et la confiance à quelqu’un au-delà de l’isolement et de la solitude ».

Reste une question : pourquoi ce titre ? Nos deux héros sont-ils intouchables parce qu’ils sont libres des conventions, parce qu’ils sont vraiment eux-mêmes ? Au spectateur de répondre. Avec Intouchables, les personnes handicapées se sentent vraiment comprises, respectées et aimées. De l’échange des protagonistes, par un don de soi-même partagé, née la conviction qu’on peut lancer des ponts. Même les banlieues respirent !

Donc un film à la fois élevé et accessible, touchant et humain, une magistrale leçon humanité.

La bande-annonce :

 

 

Steve Jobs et Pie XII, même combat !

 

 

 

Quelle joie de découvrir, le mois dernier, les médias du Vatican saluer en Steve Jobs « un talent, un pur talent ». Et ceux-ci de le comparer avec Pie XII qui attachait beaucoup d’importance à la communication !

Dieu merci, ils ne sont pas allés jusqu’à affirmer, comme le gratuit 20 minutes en des termes religieux, que nous assistions à la mort d’ « un prophète », d’une « figure christique », d’un « esprit vivant », « omniscient », « omniprésent ». Ni jusqu’à rappeler – on l’ignorait peut-être encore – que Steve Jobs avait refusé de se soigner normalement pendant les neufs premiers mois de son cancer, essayant les médecines alternatives et le spiritisme, réticent à ce que son corps soit « ouvert » (lire cet article)…

Cependant, l’Osservatore Romano (le journal officiel du Vatican), a déclaré : « Steve Jobs a été un des protagonistes et des symboles de la Silicon Valley. Révolution informatique, certes, mais aussi révolution des coutumes, des mentalités, des cultures. Trop jeune pour 68 et trop vieux pour Facebook, Jobs a été un visionnaire, un visionnaire qui a uni technologie et art. Il n’était ni technicien, ni entrepreneur. Ni designer ni mathématicien. Pirate ou pionnier ? L’histoire le dira. Pour le moment, ses créations géniales demeurent. »

Le quotidien cite aussi la réaction du président américain Barack Obama : « Steve était l’un des plus grands inventeurs américains, assez courageux pour penser différemment, assez audacieux pour croire qu’il pouvait changer le monde, et assez talentueux pour le faire ». (Bien sûr, comme je l’ai écrit ici, Steve Jobs n’a pas vraiment changé le monde, seul l’amour de Dieu ayant ce potentiel !).

Sur Radio Vatican, le Père Antonio Spadaro, directeur de la Cité catholique et expert des nouvelles technologies de la communication, a estimé que la plus grande contribution apportée par Steve Jobs est celle d’avoir « pensé la technologie comme partie intégrante de la vie ». Pour ce dernier, « la technologie n’est pas quelque chose de réservé aux techniciens : sa passion pour l’interface graphique, pour le design signifie que les instruments, les choses, les objets ont vocation à s’intégrer à notre vie de tous les jours. C’est une des plus grandes contributions de Steve Jobs à la compréhension de la technologie dans le monde moderne », a-t-il estimé.

En rappelant la signature des Accords du Latran en 1929, chéris par Pie XII, qui permirent notamment au Vatican de bénéficier d’une gare, d’une radio, d’un journal et d’une télévision avec le droit d’émettre, le père jésuite a ainsi osé ce rapprochement entre Pie XII et Steve Jobs : « Steve Jobs avait quelque chose en commun avec Pie XII, il a compris que la communication est la plus grande valeur que nous ayons aujourd’hui à disposition et que nous devons exploiter. En lui, je dirais que s’est unie une capacité d’innovation et une grande capacité créative ».

Mais qu’a donc fait Pie XII pour la communication de l’Eglise ? Outre l’impulsion qu’il donna à Radio Vatican, comme Secrétaire d’Etat puis comme pape, il a publié en 1957 une lettre encyclique sur le thème du cinéma, de la radio et de la télévision, intitulée « les merveilleux progrès » (1). Il écrivait ainsi : « Les merveilleux progrès techniques, dont se glorifie notre époque sont assurément les fruits du génie et du travail de l’homme, mais ils sont d’abord des dons de Dieu, notre Créateur, de qui dérive toute bonne œuvre. »

Aussi Internet et Apple seraient aujourd’hui pour Pie XII des dons de Dieu, à travers leurs géniaux inventeurs. Pie XII détaillait aussi dans ce texte les « motifs qu’à l’Eglise de s’intéresser » aux « merveilleux progrès techniques » que sont ces nouveaux supports. Il s’agit, bien sûr, de la mission première de l’Eglise, l’évangélisation. « L’Eglise a elle-même, pour des motifs plus impérieux que tous les autres, expliquait-il, un message à transmettre aux hommes, le message du salut éternel, message d’une richesse et d’une forces incomparables, message enfin que les hommes de toute nation et de toute époque doivent recevoir et accepter selon les paroles de l’apôtre des nations. » Et de reprendre les mots mêmes de Saint Paul : « A moi, le plus petit de tous les saints a été confiée cette grâce d’annoncer aux Gentils les insondables richesses du Christ de montrer à tous le développement du mystère enfermé depuis l’origine, en Dieu qui a tout créé ».

Pie XII ne s’est pas arrêté là, il a souvent contribué à la réflexion de l’Eglise sur les questions de communication. Par exemple, en avril 1946, il appelait les journalistes à la loyauté vis-à-vis de la vérité et expliquait que celle-ci est exempte de passion, qu’elle n’est pas partisane (lire ce billet). Il a ainsi ouvert la voie à son successeur, Paul VI, qui publiera en 1963 le décret de Vatican II « les mirifiques inventions techniques » sur les moyens de communication sociale (2), dont Benoît XVI parle souvent aujourd’hui.

Personnellement, c’est Pie XII qui m’a fait tombé dans l’évangélisation en 2002, grâce à un film de Costa-Gavras, en créant Pie12.com, 1er site sur la question, comme je le raconte dans mon nouveau livre, Dieu et Internet (3). Amen !

Notes

(1) Pie XII, encyclique Miranda Prorsus sur le cinéma, la radio et la télévision (sur le site du Vatican)
(2) Paul VI, décret Inter mirifica sur les moyens de communication sociale (sur le site du Vatican)
(3) Dieu et Internet, 40 questions pour mettre le feu au web, Editions des Béatitudes, octobre 2011. Plus d’infos : www.dieuetinternet.com.

 

J’ai fait un rêve…

Une femme nommée Marie, spectacle de Robert Hossein à Lourdes l

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment réagir de façon missionnaire à Golgota Picnic, en décembre prochain ?

J’ai fait un rêve, c’est celui-ci : qu’à la prochaine pièce de théâtre qui puisse être interprétée par endroit comme non respectueuse de la foi des chrétiens, nous n’allions pas manifester sur le lieu du crime de lèse-cathos, mais que nous inventions autre chose.

J’ai rêvé que nous ne nous mettions pas à genoux sur la voie publique avec ostentation, brandissant chapelets ou crucifix, exhortant péniblement l’expiation des péchés des autres.

J’ai rêvé que nous n’entonnions pas non plus des chants en latin incompréhensibles du vulgum pecus, que nous nous imposions pas comme victimes quand le metteur en scène parle de malentendu.

J’ai rêvé que nous ne nous rêvions pas en premiers chrétiens, en martyrs, ni en derniers des Mohicans dans une France pure, 100% chrétienne, comme moi, comme le Bon Dieu d’ailleurs !

J’ai rêvé aussi que ces accoutrements ne donnaient pas lieu à plus de 200 articles de presse en moins de 15 jours, jusqu’à permettre d’amalgamer, comme sur une pleine page de 20 Minutes édition nationale vendredi dernier, catholiques et salafistes avec une pincée de cendres tirées des ruines de Charly Hebdo…

J’ai rêvé que nous n’étions ni dans une posture défensive, ni de riposte soi disant ‘catholique’ à coups de bazookas, ni dans les salons beiges intransigeants, ni dans la nostalgie d’une chrétienté évanouie, mais bien en 2011, ancrés dans la réalité d’une France sécularisée et qui pourtant cherche son sauveur, plus que jamais.

J’ai enfin rêvé que nous n’allions pas sur le terrain miné de la contestation urbaine où les cars de CRS nous attendent et qu’au contraire, nous préférions la mission de rue, ouverte, à l’écoute, en dialogue, pour une annonce explicite et tout autant respectueuse de chacun.

J’ai donc rêvé d’un spectacle sur le parvis de nos cathédrales, une pièce de théâtre, un son et lumière, ou une comédie musicale comme nous en avons le secret. Même les artificiers et géniaux inventeurs du Puy-du-Fou apportaient leurs concours pour un moment lumineux, éblouissant, dont chacun se souviendrait longtemps !

J’ai rêvé alors que nos artistes, comme les Ricour, Lonsdale, Hossein, Brunor, Hartner, Grzybowski, Mallet, Riche, Pouzin et leurs amis composaient ensemble le spectacle du siècle pour témoigner de l’amour de Dieu. Qu’alors les Prémare, Plunkett, Barjot et autres se mettaient ensemble aux commandes de la communication. Qu’avec l’appui des bloggueurs Sacristains, Koztoujours, Grosjean et tous les autres, le buzz était lancé sur Internet. Et les réseaux sociaux en émoi bouillonnaient à cette annonce, même chez les encore-athées !

La Croix, Pèlerin, La Vie, Famille Chrétienne, Homme Nouveau, annonçaient les représentations, retransmises par les KTO, JDS, RCF, Radio Notre Dame et Espérance, main dans la main. On aurait dit une réponse respectant la règle des 4 « p » énoncée par l’Opus Dei au moment du Da Vinci Code : être positifs, professionnels, polis, et patients. On pouvait rajouter : à l’écoute des aspirations de nos contemporains sur Dieu, la foi, l’Eglise, la souffrance… et c’était faire « de la limonade avec du citron ». Nos contemporains en étanchaient une partie de leur soif, de leurs questions existentielles.

Prêtant main forte, les communautés nouvelles comme Aïn Karem, mais aussi les Anuncio, Jeunesse lumière, Schools of Mission ou aumôneries envoyaient des groupes de missionnaires des rues autour de ces scènes publiques pour parler avec les non-croyants. Des ‘priants’ issus des groupes de prière, encadrés par leurs aînés, proposaient d’intercéder pour ces personnes ou de recevoir leurs intentions, portées à la prière commune des chrétiens jusqu’au sommet de nos célébrations.

Et puis j’ai enfin rêvé que les évêques eux-mêmes, à la lecture du programme, donnaient leur bénédiction à cette mission d’évangélisation aussi joyeuse que prometteuse.

Sur le concept du visage du fils de Dieu : suite et fin

 

Suite à de nombreuses réactions, un document de synthèse…

L’affaire du Théâtre de la Ville n’en finit plus de faire des vagues. Ils étaient encore là dimanche soir, à chanter des chants royalistes comme « les bleus sont là le canon gronde », arborer des bannières « La France est chrétienne » (ce qui n’est plus le cas depuis longtemps), ou crier des slogans au porte-voix comme « Nous sommes là pour vous faire expier vos péchés ».

Programmée depuis longtemps au théâtre parisien le « 104 » du 2 au 6 novembre, la pièce continue d’être jouée, et les manifestations s’y sont déplacées, sous l’impulsion notamment d’Alain Escada, le secrétaire général de Civitas, groupuscule dont le but affiché est « d’établir la royauté sociale du Christ ». Quand on sait que l’entreprise chargée de la sécurité de ce théâtre serait dirigée par un ancien du GUD, groupuscule d’extrême droite (« Groupe d’union défense »), cela promet… D’ailleurs, comme dans l’affaire du « kiss in » de Lyon, la presse révèle déjà la participation de ces militants du GUD, en blousons noirs, ainsi qu’un ex-membre du FN, connu pour ses saluts nazis.

Présent également, le « Renouveau français » (rien à voir avec le renouveau charismatique !), créé en 2005, qui regroupe une centaine de jeunes : leur fondateur, Thibaut de Chassey, qualifie leur nationalisme comme « classique, sans concession, d’inspiration contre-révolutionnaire et catholique » (sic). Une intransigeance qui fait peur et qui monte à droite de la droite…

Patrice de Plunkett, qui était déjà monté au créneau lors du kiss in de Lyon, (lire ‘Du bon usage de la protestation catholique‘) rappelle « l’ahurissante apparition du curé du Chardonnet déguisé en cheikh arabe : comme si le sujet de ce rallye place du Châtelet avait été le ‘combat contre l’islam’, idée fixe n° 1 de ce milieu) ». Il relate également cette belle contradiction : un groupe islamiste, Forsane Aliza, soutient à son tour les manifestations !

Bref, ce contre-témoignage de certains manifestants fait du mal à l’Eglise, dont d’ailleurs bon nombre d’entre eux sont séparés depuis le chisme de Mgr Lefebvre. Donner des battons pour se faire battre, est-ce une attitude louable et judicieuse ?

Comme nous l’avions dit ici la semaine dernière, c’est un spectacle désolant donné aux médias, dont ils font largement écho, et on pouvait s’y attendre. Rien que dans le numéro de ce jour du gratuit 20 minutes, deux articles font référence à ces événements et annoncent grâce à eux une autre pièce, Golgota Pic nic, faite celle-ci dans un esprit de provocation (et revendiqué comme tel), à laquelle il faudra trouver une réponse adaptée.

« Merci au cardinal Vingt-Trois »

Le vendredi 28 octobre, une première réaction fut celle de Mgr Aupetit, vicaire général du diocèse de Paris, sur Radio Notre Dame, à l’occasion de sa chronique hebdomadaire, à écouter directement ici :

« Je crois que cette action violente n’est pas adaptée à la situation, a-t-il affirmé sereinement. Qu’auraient-ils fait, ces jeunes gens, le soir du jeudi saint et le vendredi saint, quand Jésus fut réellement bafoué, couvert de crachas et flagellé à mort, auraient-ils tiré leur épée du fourreau comme Pierre qui s’est entendu dire par Jésus lui-même : celui qui prend l’épée périra par l’épée. Cette pièce manifeste l’immense désespoir des hommes devant leur déchéance, dont Dieu paraît absent. (…) Elle suscite une véritable réponse chrétienne. »

Dans le même temps, un proche du diocèse de Paris, que j’avais informé de mon premier billet, me répondait en soulevant la question de l’opportunité du chapelet dans la rue quand il semble être proclamé avec ostentation à l’intention des personnes en face. Il m’écrivait : « Vous avez raison d’insister sur l’inefficacité médiatique (très mauvaises image des cathos et des croyants) et générale : publicité énorme du spectacle qui fait le plein et dont les représentations ne sont pas annulées. Si je voulais laisser un commentaire, je demanderais : des belles prières par des jeunes joyeux dans la rue, c’est bien. Mais alors pourquoi cette consigne de Jésus, la seule formulée à la forme négative ce me semble concernant la prière : « Quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites qui aiment à se planter dans les synagogues et les carrefours afin qu’on les voie » (Mt 6,5). Ne peut-on pas inventer d’autres modes d’action si l’on est jeune et joyeux ? »

Un commentaire sur un blog relevait en effet avec justesse « cette façon de s’agenouiller en se prenant pour successeurs des premiers chrétiens dans les arènes »… Sur la photo de ce billet, on peut voir aussi une jeune fille, porte-voix dans une main, chapelet brandit dans l’autre. Manifester et prier le chapelet, n’est-ce justement pas un mélange des genres ?

Manifestations contre la “christianophobie”

Le samedi 29 octobre au matin, alors qu’allait avoir lieu en fin d’après-midi une manifestation contre la « christianophobie », le cardinal Vingt-Trois montait au créneau sur Radio Notre Dame pour dénoncer « des manifestations de violence » et appeler en substance à « ne pas servir de masses de manœuvres (…) à des groupuscules très politisés qui agissent sans mandat de l’Eglise ».

Ecoutez directement l’extrait concerné :

« L’authenticité de la foi n’est pas de s’imposer par la violence », a ainsi affirmé l’archevêque de Paris, bientôt repris par des journaux comme La Croix et salué par de nombreux blogs avec des « Merci au cardinal ».

S’il ne se prononce pas sur le fond de la pièce de l’Italien Romeo Castellucci, qu’il n’a « pas vue », il a en revanche affirmé que les manifestants appartenaient à « un groupuscule rattaché au mouvement lefebvriste », et ne disposant d’« aucun mandat » pour se réclamer de l’Église catholique. « On ne fait pas un appel à la liberté en jetant des œufs pourris sur les gens ou de l’huile de vidange », a-t-il martelé, en référence aux incidents qui ont émaillé la première représentation de la pièce. Certains manifestants avaient alors jeté sur les spectateurs des œufs ou de l’huile de vidange. « On est en face de gens qui sont organisés pour des manifestations de violence, et pour obtenir, ce qu’ils ont obtenu d’ailleurs, une place dans les journaux », a jugé l’archevêque de Paris. Ce sont des arguments que j’utilisais jeudi ici même : en effet, ces manifs ont donné à la pièce une gigantesque couverture médiatique, en effet la violence est présente, même si elle n’est pas le fait de tous les manifestants. Interrogé enfin sur la « bonne foi » des manifestants, Mgr Vingt-Trois a fait la différence entre « les gens qui sont conscients de la stratégie » et « ce que Lénine appelait les idiots sympathiques qui servent de masses de manœuvre. (…) Ce n’est pas parce qu’ils sont de bonne foi que ce qu’ils font est juste », a ajouté l’archevêque de Paris. Il a aussi estimé que « leur appartenance à des groupes très politisés et très militants, y compris sur le plan religieux, ne favorise pas leur formation mais au contraire les déforme. »

Quid du soutien affiché d’autres évêques ? Il est possible que, contactés par Civitas, ils aient été piégés en soutenant officiellement ces manifestations, sans savoir ce qu’il en était vraiment. Un de ces évêques a tout de même souligné la nécessité de ne pas « user de violence », ce qui n’a pas été toujours entendu. Reviendront-ils pour autant sur leurs déclarations en se rangeant à l’avis de l’évêque ordinaire du lieu ?

On peut ne pas être d’accord avec l’archevêque de Paris, mais qui d’autre est le mieux ‘placé’ (!) pour discerner si ces manifestions sont justifiées ou non, et si la réponse est adéquate ? Nous, catholiques fidèles à Rome, nous devons apprendre à rester dans l’obéissance quand il s’agit d’une conduite commune à adopter, en faisant nôtre ce verset de l’Evangile : « qu’ils soient un pour que le monde croit que tu m’as envoyé » (Jean 17). Nous devons nous situer publiquement non pas en opposition avec nos pasteurs, mais en communion avec eux, pour ne pas trahir l’unité de l’Eglise, ou pire encore faire le jeu du diviseur.

Quitte à écrire à nos évêques, personnellement, si nous ne sommes pas d’accord. Notre devoir est bien de réfléchir sur la meilleure attitude à adopter, pas de foncer tête baissée. L’attitude proposée par le cardinal Vingt-Trois, comme Président de la Conférence des évêques de France, ou par son entourage, doit nous interroger, sans cléricalisme et avec bienveillance.

Une pièce vraiment « blasphématoire » ? Des cathos témoignent…

Le caractère blasphématoire de la pièce reste encore à démontrer. En effet, « Sur le concept du visage du Fils de Dieu » est très éloigné de Golgota Pic nic, malgré l’amalgame qui a pu être fait, consciemment ou non. Nous en parlions ici. Comme le rappelle encore Patrice de Plunkett sur son blog, il y a un énorme malentendu, dont Castelluci s’insurgeait dans cet interview au Monde. « A lire ces propos de Castellucci, commente le journaliste-écrivain, on voit à quel point les manifestants sont hors sujet. Ils n’ont pas vu la pièce. Leurs quelques supporters prêtres ne l’ont pas vue non plus. Castellucci est typiquement quelqu’un qui « demande compte » à l’Eglise de l’espérance qui est en elle. L’Eglise lui répond-elle sur ce terrain et sous ce mode (évangélique) ? Oui en Italie, en Pologne, et même en France, à Avignon, où les bénédictins sont venus discuter avec Castellucci – il leur rend hommage dans son entretien. Mais pas à Paris… Dans la capitale, la visibilité catholique est squattée par les récents exclus du FN, désormais à la recherche de choses à faire. Puis-je me permettre de demander aux Bernardins et à l’archidiocèse ce qu’on attend pour rétablir la situation ? »

Or depuis, des cathos ont vu la pièce. L’abbé Pierre-Hervé Grosjean (Padreblog.fr), prêtre du diocèse de Versailles, nous a rendu un grand service : il est allé la voir. Il révèle du même coup un aspect de la manipulation. Voici son témoignage donné tout d’abord au Forum catholique, repris sur de nombreux blogs :

« On peut aimer ou pas. On peut critiquer la mise en scène. Mais je l’affirme: je n’y ai pas vu d’intention blasphématoire. J’en suis même sorti bousculé, marqué. Elle appelle à une vraie réflexion sur la souffrance, sur la compassion de ce fils pour ce vieux père. Compassion du Fils pour notre vieille humanité souillée. Encore une fois, on peut la discuter. Ne pas aimer du tout. Mais je demande à ceux qui hurlent au blasphème : l’avez vous vu jouée ?jusqu’au bout ? Jusqu’à ces derniers mots sur lesquels on termine : “tu es mon berger” Mot lumineux, qui prennent le dessus sur le “not” qui s’insère comme le doute peut parfois attaquer notre confiance.

J’en veux à ceux qui nous ont instrumentalisés. J’en veux à ceux qui ont envoyé des jeunes au casse pipe. J’en veux à ceux qui se servent de tout cela pour se faire de la pub…

Dans la salle, ce soir, trois jeunes tradis étaient là, venus pour foutre le bazar. j’en connaissais un que j’avais donc repéré dans la file d’attente. Par sms, je lui ai dit : “attends, regarde, écoute… puis juge en conscience”. Ils ont rien fait finalement. à la sortie, ils m’ont dit : “on se sent trahis, on nous a menti en criant au blasphème, on a été manipulés. L’abbé X… et l’abbé Y….. nous ont poussé à y aller pour interrompre le spectacle, en nous disant que nos frais de justice seraient payés… On a été manipulés”.

Il est urgent qu’on prenne le temps de réfléchir à notre façon d’être catholiques dans ce monde. Pour ne pas nous tromper de combat. Pour ne pas se laisser divisés.

C’est mon humble avis. L’honnêteté intellectuelle m’oblige à le dire. Qu’on ne se fasse pas de procès en catholicité les uns les autres. Je respecte ceux qui auraient été choqués par la pièce. J’ai un peu de mal à comprendre ceux qui affirment fortement un jugement aussi grave que l’accusation de blasphème, sans l’avoir vue. En tout cas, cette accusation doit être nuancée : le blasphème n’est en rien évident ».

Une autre catholique, Myriam Picard, membre de Riposte Laïque, écrit une tribune pour Nouvelles de France, un site traditionnaliste qui émet aussi des réserves sur ces manifestations :

« J’ai 26 ans, je suis catholique et je sors du Théâtre de la Ville. J’en sors troublée, infiniment. J’ai pris une claque dans la gueule. Pas une claque de génie, non. Castellucci n’est ni Claudel ni Dostoïevsky. Il se contente de mettre sous nos yeux une scène, une scène infiniment banale et brutale, quotidienne, atrocement classique et sordide : un fils s’occupe de son père qui se souillera trois fois. C’est tout. Le texte ? Rien du tout, un échange basique qu’un adolescent rédigerait aisément. Le seul intérêt de la pièce : le visage du Christ s’y trouve en permanence, interrogation et réponse silencieuse dans ce face à face du vieillard qui se venge sur Dieu de sa déchéance, et de ce Christ qui porte les stigmates, sur son visage, du péché de cet homme. Merde ou crachats, peu importe : le Christ endosse ce désespoir et cette solitude et prévaut du début à la fin de la pièce (…)

A la sortie du théâtre, j’ai discuté avec deux femmes, une athée et une juive agnostique. Les deux étaient troublées, les deux m’ont dit avoir trouvé la pièce profondément chrétienne. Juste avant le spectacle, j’avais interrogé un trentenaire qui m’avouait venir voir la pièce pour la deuxième fois : férocement athée depuis des années, il avait « reçu un choc » une première fois et pris conscience que « le christianisme, en fait, ça a peut-être un sens ». Il voulait vérifier cette impression, courageusement, car elle ébranlait des années de combat forcené contre la foi.

Quant à moi, oui, je l’affirme, cette pièce m’a conduite encore plus au Christ… La froideur terrible de cette scène de théâtre où le mobilier suinte la solitude et la mort, cette froideur bousculée par l’incontinence du père et par l’amour de son fils qui se démène pour le soigner et réconforter, cette froideur dominée par la lumière et la puissance qui se dégage du Christ de Messine m’aura renvoyée à deux choses : l’apparente vacuité de notre vie terrestre – tout particulièrement à notre époque – et le seul sens, la seule question qui peuvent y être opposés : le Christ. Le Berger. My shepherd”. »

Il est intéressant de noter que nombre de traditionnalistes catholiques (et même des lefbvristes intégristes) commencent ainsi à douter du bien-fondé de ces manifestations. Comme Jacques de Guillebon, catholique de sensibilité traditionnelle, qui publie une autre tribune au vitriol dans Nouvelles de France, intitulée « L’honneur des imbéciles ». « Je refuse, écrit-il, et je suis loin d’être le seul, et nous sommes très nombreux, qu’une poignée de défenseurs autoproclamés de l’honneur du Christ prenne en otage ma foi et ma confession. Ce spectacle lamentable de jeunes gens dépourvus de libre-arbitre autant qu’incapables de la moindre réflexion esthétique, qui défilent, grognent et insultent, en sus d’être lassant, ridiculise généralement l’intelligence catholique que vingt siècles ont construite. »

Plus révélateur encore, Yves Dadoual, membre de la « réacosphère » comme diraient certains médias, proche du Front national, a jeté un pavé dans la marre sur bon blog : « La pièce telle qu’elle a été jouée en Avignon, si j’en crois les comptes rendus de l’époque, était au mieux ambiguë (ou nihiliste), au pire blasphématoire. La pièce telle qu’elle est jouée à Paris, si j’en crois les comptes rendus de catholiques qui l’ont vue, est au pire ambiguë, au mieux profondément chrétienne. Si à la fin de la pièce le visage du Christ apparaît de nouveau, intact, il est difficile de ne pas voir que sa destruction est l’image de la Passion, suivie de la résurrection. Et le reste de la pièce, nonobstant l’obsession scatologique, est une parabole sentie de la condition humaine, car nous sommes en effet tous dans la merde, et nous tachons tout ce que nous touchons, sous le regard de Dieu, qui nous attend, qui attend même nos blasphèmes, ou nos doutes, mais qui est là, qui reste là, même quand nous avons tout démoli, et qui nous attend toujours. « Il n’a pas détourné sa face de moi, et quand j’ai crié vers lui il m’a exaucé. » Psaume 21, 6 (le psaume de la Passion, qui commence par ‘Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné’). »

Dans la ligne de mire : Golgota Picnic

Un internaute écrivait dans un commentaire : « Le vrai courage, c’est de répondre chrétiennement, pas de chercher le triomphe personnel de la gloriole “je suis un martyr !”, mais de prendre le risque de se prendre une autre claque en faisant connaître le vrai visage du Christ. C’est leur présence au nom du catholicisme qui pollue voire empêche toute évangélisation. Quand je pense qu’un de mes élèves qui taperait “art et catholique” sur Google tomberait sur ces allumés, cela me fout en rogne. Ils sont l’exemple même (avec les grands patrons soi-disant catholiques) du contre-témoignage absolu. »

Aussi, j’aimerais lancer ce débat auprès de vous, amis lecteurs : qu’allons-nous faire pour réagir à Golgotta Pic nic, le mois prochain ?

Nous l’avons dit et nous persistons : si nous voulons que nos prochaines réserves ou revendications éventuelles soient entendues, il faudra agir différemment, sur un autre terrain que celui où veut nous emmener l’adversaire.

Cet autre paradigme est bien celui de l’évangélisation, dont l’âme est la charité. Une piste serait même la nouvelle évangélisation lancée par Jean-Paul II, poursuivie aujourd’hui avec Benoît XVI : quelle réponse adéquate donner aux épanchements du monde réel, de nos contemporains qui tous cherchent Dieu, souvent sans le savoir, ce fameux « Dieu inconnu » ?

Evangéliser par le théâtre, comme le font déjà de nombreux catholiques, doit être ici une priorité. Oui, l’urgence n’est pas de hurler quand l’art contemporain emprunte le visage du Christ pour y peindre sa Passion, mais d’annoncer cette Passion et cette Résurrection du Fils de Dieu, avec douceur et respect.