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Cristeros - le film

Débarquement de Cristeros le 14 mai au cinéma !

Cristeros - le film

Le film Cristeros* (« For greater glory », dans la version US), c’est l’histoire de ces “partisans du Christ” mexicains (1926-1929) et spécialement de l’un d’entre eux, le très jeune José Luis Sanchez del Rio (Wikipédia), qui a été béatifié le 20 novembre 2005 par le pape Benoît XVI.

Au début du film (1926) ont voit le dictateur Cailles, devant un parterre de journalistes complices, louer les fondamentaux de la Révolution mexicaine, et notamment sa propre conception de la liberté, toute relativiste…

La liberté des chrétiens se trouve rapidement foulée des bottes par l’interdiction de célébrer la messe, de l’enseignement libre, des ordres monastiques ou encore la suppression du droit de vote pour les prêtres… Les premiers résistants au régime montent donc au créneau pour défendre leur possibilité de choisir le bien, cette seule vraie liberté.  Les premiers « Cristeros » vont donc organiser des manifestations monstres, des pétitions (qui seront rejetées 😉 ) et même un boycott économique. Du côté du pouvoir, on s’agace puis on prend peur : « on ne peut pas être conciliant avec de tels gens », s’exclame le dictateur, furieux de voir contrariés ses plans de destruction de l’Eglise au Mexique. « Ils deviennent de plus en plus rebelles, plus insolents : je vais leur donner un message qui sera explicite » dit-il encore avant de leur déclarer une véritable guerre. S’en suivent plusieurs massacres dans des églises, des arrestations arbitraires, des fusillés pour l’exemple.

Alors que semblent épuisées toutes les voies pacifiques, de nombreux catholiques prennent les armes et vont chercher Gorostieta, un général en retraite (magistralement joué par Andy Garcia) pour prendre la tête de la guérilla. Il est athée mais il épouse cette guerre qu’il trouve juste. Son épouse, la belle Tulita (Eva Longoria, bien connue notamment pour son rôle dans la série Desperate Housewives), a du mal à le laisser partir… Il croisa bientôt la route du petit José (interprété de façon saisissante par le jeune Mauricio Kuri).

Voici la bande annonce :

A propos de la violence

Cristeros nous interroge aussi sur la justification de la violence, donc y compris, chez nous, en France. A ce sujet, je ne peux que trop vous conseiller de vous procurer le numéro de mai d’Il est vivant!, qui consacre un dossier très complet aux Cristeros et dont voici des extraits. On y trouve notamment une interview de l’actuel évêque aux armées au sujet du concept de « guerre juste », mais aussi d’Axel, fondateur des Veilleurs…De fait, Cristeros n’est pas sans rappeler le combat mené en France en 2013 contre le mariage pour tous et la détermination du pouvoir actuel à combattre et radicaliser cette opposition « substantielle ». « En tant que révolutionnaire, rappelle d’ailleurs le dictateur à l’ambassadeur américain, je sais qu’un petit groupe d’hommes bien déterminé peut mettre à terre un gouvernement. C’est pourquoi, toute action des catholiques doit être réprouvée sur le champ ». De plus, on retrouve cette propension à considérer l’élection au siège suprême comme un chèque en blanc donné par les habitants du pays, réduisant les assemblées du peuple à de simples chambres d’enregistrement : « Le peuple s’est prononcé le jour où il m’a élu » explique encore le dictateur lorsqu’il fait semblant de vouloir négocier avec l’opposition.Cependant, évitons toute confusion : il ne s’agit pas, dans notre contexte français, d’aller au devant du martyre face à des lois qui mettent pourtant en péril notre société dans une dictature du relativisme de plus en plus intolérante.  De même, mettre sur le même plan le slogan quelque peu simpliste « on ne lâche rien » et la détermination des Cristeros à retrouver leur liberté de culte – ce qui a réellement mis le feu aux poudres – serait hasardeux : nous n’en sommes pas là et nous devrions plutôt regarder du côté des pays où des chrétiens meurent pour leur foi. Bon nombre de Cristeros n’ont, du reste, pas été béatifiés. Ainsi, dans le film, le père Véga  (joué par Santiago Cabrera) succombe parfois à la violence, de façon malheureusement compréhensible. Au contraire, le père Christophère (O’Toole, Lawrence d’Arabie) affirme que jamais il ne prendra les armes et meurt fusillé.  C’est donc utile pour nous, chrétiens, de voir ces deux versants.

Conclusion : un film à voir (et à faire voir largement)

Au delà l’aspect tragique de cette époque et des nombreuses violences commises de part et d’autres, assez bien dépeintes dans le film, Cristeros est profondément touchant, comme rares le sont certains films. Il nous atteint car il nous oblige à répondre personnellement à la question « Jusqu’où irai-je par le don de moi-même ? Et, moi chrétien, jusqu’où irai-je pour suivre le Christ ? Jésus est-il vraiment premier dans ma vie ? » . Un peu, d’une certaine manière, comme nous interrogent les moines dans le film Des Hommes et des Dieux.

A ceux qui sont dubitatifs sur le message transmis par ce film et la façon dont il est reçu par le public , ne pas croire que Cristeros n’a rien de missionnaire. Il ne s’agit pas de « crier victoire » parce que le film sort en salles, ni de se conforter dans l’idée qu’on peut réagir violemment à la persécution quitte à donner la mort, comme je l’ai expliqué plus haut. Le martyre de José demeure, après le film, un témoignage en lui-même  (étymologie du mot martyr = le témoin), d’autant plus poignant qu’il est montré au cinéma. Tertullien ne disait-il pas que le sang des martyrs est semence de chrétiens ?

Il s’agit donc simplement de profiter de l’occasion pour annoncer le Christ, comme, dans un tout autre registre, avec le film La Mante Religieuse, qui sera dans les salles obscures à peine “trois sorties” de films plus tard (si vous le n’avez pas encore lu, lire mon billet à ce sujet) et sur lequel on ne peut pas, non plus, faire l’impasse.

On peut voir enfin Cristeros comme un magnifique western : si vous l’avez déjà vu en version pirate, cela vaut vraiment le coup de le revoir, mais, cette fois, en vrai sur les grands écrans de nos cinémas !

Pour en savoir plus : www.cristeros-lefilm.com 

*Cristeros, c’est le sobriquet donné au départ par les fédéraux mexicains. Durée : 2h24. Fiche Allociné.

Intouchables : une magistrale leçon d’humanité

 

Hier soir, je suis allé voir Intouchables au cinéma. C’est une petite merveille d’une heure 50, qui explique à elle seule son succès. A peine deux semaines après sa sortie en salle, 5,3 millions de spectateurs sont déjà allés la voir, et la fréquentation est en hausse de 45 % ! A titre de comparaison, Des hommes et des Dieux avait réalisé dans le même temps 950.000 d’entrées en 2010. Intouchables s’invite même sur le podium du box-office 2011, devant le Tintin de Spielberg, juste derrière Rien à déclarer et Harry Potter. Selon Allociné, cela est dû en premier lieu à bouche-à-oreille incroyablement performant. Bonne nouvelle pour le film : selon un sondage Ifop pour Radio Alouette, 68% des spectateurs comptent le revoir.

Loin des super-productions américaines du moment (Immortels, le Chat potté, Contagion), des thrillers aux sujets vus et revus (La casse de Central Park, Time out), des histoires de voyous aux excès en tout genre (Les Lyonnais, Rhum express) ou des comédies made in France aux thèmes déjà usés jusqu’à la corde (L’art d’aimer, Mon pire cauchemar, On ne choisit pas sa famille), c’est une bouffée d’air frais dans une période troublée, un remonte-moral qui donne du baume au cœur, et pour tout dire, beaucoup d’espoir pour les personnes qui vivent des situations difficiles, quelque soit leur milieu.

Le scénario – adapté d’une histoire vraie – est celui d’une rencontre providentielle entre Philippe, une personne tétraplégique à la suite d’un accident (François Cluzet, aussi riche de ses faiblesses que de son compte en banque) et Driss (Omar Sy) jeune des banlieues, pour qui la mère adoptive dit avoir « beaucoup prié ». Vœu exaucé par Dieu ? Ce dernier a été choisi comme aide-soignant par le riche aristocrate, non pas en fonction de son expérience (il n’a pas de diplôme et on découvrira plus tard qu’il sort de prison !) mais parce que l’entretien d’embauche – une scène culte – vire au burlesque totalement désopilant. Le film rappelle d’ailleurs une autre rencontre, celle d’un orthophoniste anticonformiste et du futur roi d’Angleterre atteint de bégaiement, à la veille de la Seconde Guerre mondiale (Le discours d’un roi), le tragique et le solennel en moins.

Dans Intouchables, le ton est décomplexé, les spectateurs rient beaucoup. Pas de gags de bas étages ou de pitié mal placée – ce qu’ont voulu à tout prix éviter les réalisateurs – mais des plaisanteries saines et inattendues, dans des scènes qui s’enchaînent en laissant à peine le temps de respirer. Touchant de simplicité, l’aide-soignant provoque des comiques de situation qui resteront d’anthologie. Comme cette sortie à l’opéra où il s’exclame à haute voix, amusé et dubitatif : « Un arbre qui chante ! C’est quoi ce délire ? ». La présence d’un jeune de banlieue campant dans un bel hôtel particulier parisien habité par un homme à l’âme de poète, amateur d’art, accentue encore l’effet décalé.

Pour Patrick Pelègre, docteur en sociologie, « le film montre qu’un passage peut être trouvé au-delà de l’impasse, ici celle du handicap ou de la position sociale. Les gens ont besoin de respirer, de trouver de l’espace. »

Emmanuel Bon, secrétaire général de l’Association des paralysés de France, ne s’y trompe pas : « c’est le regard de l’autre, celui qui entre l’aidant et l’aidé, qui se dégage du film. Une manière positive de considérer l’autre en tant que personnes. »

Charles Gardou, anthropologue spécialisé dans les situations de handicap et professeur à l’université de Lyon II, trouve quant à lui que le film « rapproche, par la fragilité, deux mondes qui s’ignorent dans une société qui scinde ; il nous fait rire de bon cœur en posant la réalité du handicap dans la pitié écrasante qui empêche l’autre d’exister, il fait une très belle distinction entre vivre et exister ».

5% des bénéfices du film iront d’ailleurs à l’association Simon de Cyrène, qui encourage la cohabitation résidentielle entre personnes handicapées et valides (son président d’honneur n’est autre que Philippe Pozzo di Borgo, celui qui a vécu cette histoire). Le fondateur de cette association, Laurent de Cherisey, catholique convaincu, a déclaré à l’AFP : « Ce film est une force de vie qui irradie la France et un beau remède contre la crise ! Il touche à l’essentiel : la relation à l’autre dans nos fragilités. Il met en lumière le paradoxe entre une société où il faut être performant et notre fragilité individuelle et collective, économique, sociale, psychique. C’est dans nos fragilités et nos failles que nous sommes féconds, lorsque nous osons conjuguer les différences en dépassant nos peurs ».

Pour Arnaud de Bosca, secrétaire général de la Fédération des accidentés de la vie (Fnath), Intouchables est avant tout une « très bonne comédie qui traite d’un sujet avec avec beaucoup d’humanité et qui a le mérite de sensibiliser le public à la question du handicap en suscitant de l’espoir. C’est aussi la rencontre entre deux milieux totalement différents et deux formes de discrimination, un film qui montre comment on peut redonner le goût de vivre et la confiance à quelqu’un au-delà de l’isolement et de la solitude ».

Reste une question : pourquoi ce titre ? Nos deux héros sont-ils intouchables parce qu’ils sont libres des conventions, parce qu’ils sont vraiment eux-mêmes ? Au spectateur de répondre. Avec Intouchables, les personnes handicapées se sentent vraiment comprises, respectées et aimées. De l’échange des protagonistes, par un don de soi-même partagé, née la conviction qu’on peut lancer des ponts. Même les banlieues respirent !

Donc un film à la fois élevé et accessible, touchant et humain, une magistrale leçon humanité.

La bande-annonce :